L’expulsion des juifs de Pologne
Politique
Publié le 27 octobre 2024
par Henryk PASZT
Préambule
Depuis l’année 2000, environ depuis vingt ans, une date non anodine, car elle coïncide avec l’exportation de la 2ème intifada en Europe, je me pose cette question qui est devenue presque une obsession. Pourquoi l’expulsion en 1968 de près de 15000 juifs de Pologne est passée sous silence ? Même aujourd’hui, en 2019, lorsqu’un journaliste, par exemple du journal Le Monde, évoque la Pologne «socialiste», le sujet n’apparaît pas. Les gens évoquent volontiers le sort des refuzniks en Union Soviétique mais jamais la déchéance de leur nationalité et l’expulsion des juifs polonais. Si vous interrogez aujourd’hui les membres connus d’associations antiracistes, ils ignorent tout simplement cet événement.
En 2018, au mois de mars, le gouvernement polonais nationaliste de Kaczynski a organisé une commémoration pour le 50ème anniversaire de ces événements honteux. En 1989, le premier président de la Pologne non socialiste, Kwasniewski, a prononcé un discours formidable dans lequel il a reconnu la faute inexcusable et la responsabilité de la nation polonaise.
Ce sujet, hormis dans quelques ouvrages historiques, n’est pratiquement jamais abordé en France par la presse et les médias. Étrange silence. Il dévoile probablement une subsistance de la domination idéologique du Parti Communiste français sur l’intelligentsia dite éclairée. On peut comprendre que la classe politique et les intellectuels français ont énormément de difficultés à aborder les événements propres à l’histoire de la France : la France, ce n’est pas Vichy (qui a voté pour Pétain ?), la guerre d’Indochine, la colonisation, etc. …
L’article que vous allez lire ci-dessous est une brillante analyse et apporte un éclairage sur la brutalité et la cruauté des actions engagées ainsi que sur les motivations politiques qui ont justifié cette expulsion massive en 1968.
“Alors, tout a commencé à s’effondrer”, écrit Halina Zawadzka, survivante de la Shoah en Pologne, à propos de son expérience de 1968 dans la Pologne communiste, lorsque des dizaines de Juifs se sont suicidés après avoir été publiquement vilipendés et isolés socialement, dénoncés comme une “cinquième colonne” par Władysław Gomułka, premier secrétaire du Parti Ouvrier Unifié Polonais. 8 300 membres ont été expulsés du parti communiste, presque tous juifs. 9 000 Juifs ont perdu leur emploi, certains ont été victimes de violence et des centaines ont été chassés de leurs appartements. Simon Ganzinger raconte l’histoire de la campagne antisioniste de gauche qui a détruit la communauté juive de Pologne.
INTRODUCTION
En gare de Dworzec Gdański, au nord de Varsovie, les voyageurs remarqueront peut-être une plaque indiquant : « Ils ont laissé ici plus qu’ils ne possédaient ». Posée en 1998, elle commémore le départ de milliers de Juifs polonais qui, trente ans plus tôt, ont été obligés de quitter le pays pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Organisée par le Parti des Travailleurs Unis Polonais (PZPR), la campagne antisioniste de 1968-1971 a détruit une communauté juive qui venait tout juste de se reconstruire après l’Holocauste. Ce fut un exemple macabre d’antisémitisme de gauche présenté comme un «antisionisme».
Paradoxalement, les attaques contre les Juifs étaient pleines de déclarations contre l’antisémitisme. Dans de nombreux rassemblements, on pouvait voir des pancartes «Antisémitisme – Non ! Antisionisme – Oui !” Pourtant, sur les 8 300 membres exclus du parti communiste, presque tous étaient juifs (Blatman 2000, p. 308). Près de 9 000 Juifs perdirent leur emploi et des centaines furent chassés de leurs appartements (Wolak 2004, p. 73). Le régime autorisa les citoyens juifs à quitter le pays sous deux conditions : ils devaient renoncer à leur nationalité et déclarer Israël comme leur pays de destination. Ainsi, le régime légitima la purge de la manière la plus cynique qui soit : pourquoi ces gens voudraient-ils partir en Israël s’ils n’étaient pas sionistes ?
Beaucoup de Juifs saisirent l’occasion. Alors qu’en avril 1967, 29 seulement avaient demandé des visas pour Israël, leur nombre passa à 168 un an plus tard, pour atteindre 631 en octobre 1968 (Szaynok 2009, p. 156). Les estimations du nombre de Juifs ayant quitté la Pologne entre 1968 et 1971 sont variables. La plus “prudente” estime le nombre à 12 000 ; selon des estimations antérieures, plus de 20 000 personnes auraient été forcées de quitter le pays. Le chiffre exact pourrait se situer entre les deux, environ 15 000 (Eisler 2009, p. 42). Moins de 30% se sont retrouvés en Israël, le reste dans d’autres pays, dont la Suède, la France et les États-Unis.
LA “CINQUIÈME COLONNE” SIONISTE
Après la victoire d’Israël dans la guerre des Six jours, les États membres du Pacte de Varsovie, à l’exception de la Roumanie, avaient rompu leurs relations diplomatiques avec Israël. L’évolution de la situation en Pologne prit toutefois rapidement une tournure particulière. Le 19 juin 1967, une semaine après la suspension des relations diplomatiques avec Israël, Władysław Gomułka, premier secrétaire de la PZPR, fit un commentaire incroyable sur la dimension polonaise des événements du Moyen-Orient. Il regrettait que certains Juifs polonais sympathisent avec les ennemis du socialisme – les « agresseurs israéliens » – renonçant ainsi à leur volonté d’être des citoyens polonais loyaux. Ces personnes n’étaient pas seulement moralement répréhensibles ; elles constituaient également une potentielle «cinquième colonne» dans le pays, qu’il fallait éradiquer avant qu’elle se renforce.
Le sens donné par Gomulka à “cinquième colonne” ne saurait être sous-estimé. Ce terme évoquait une conspiration sioniste bien organisée, dont le centre se trouverait dans la communauté juive qui, en 1967, ne comptait pas plus de 30 000 membres sur une population polonaise de 32 millions. Lorsque Gomułka prononça son discours, il connaissait déjà depuis plusieurs mois les inventions anti-juives du Ministère de l’Intérieur. Le ministère était dirigé par Mieczysław Moczar, dont les idées farouchement antisémites n’étaient pas un secret pour ses camarades. Même avant juin 1967, les hauts responsables du MSW s’intéressaient tout particulièrement aux activités des institutions juives de Varsovie et avaient fait courir l’idée d’une infiltration sioniste dans les cercles du parti. Sous la direction de Moczar, le MSW travailla sans relâche pour rassembler des informations sur des Juifs et exposer leurs liens présumés avec Israël – ces liens étant, dans la plupart des cas, déformés ou inventés.
Grâce à l’opposition des membres du bureau politique aux machinations de Moczar, l’ennemi imaginaire sioniste de Gomułka en Pologne n’attira pas vraiment l’attention du grand public. À l’exception de l’armée, où la majorité des officiers juifs furent licenciés, accusés d’être des sionistes et des révisionnistes, la campagne antisioniste ne commença à se propager qu’en mars 1968, lorsque l’assaut à grande échelle de la “cinquième colonne” secoua le pays.
ANTI-SEMITISME CONTRE PROTESTATION ÉTUDIANTE
Il est tentant de regarder l’histoire comme un enchaînement d’événements. Mais ceux qui s’y laissent prendre manquent de recul. L’ordre des choses leur échappe, de même que l’ironie que la postérité aime attribuer à l’histoire lorsqu’elle est tombée dans une totale irrationalité.
Le 30 janvier 1968, 300 étudiants protestèrent contre l’interdiction de la pièce prétendument anti-russe Dziady de l’auteur romantique Adam Mickiewicz. Ils ne soupçonnaient pas – comment le pouvaient-ils ? – que leurs actes courageux mèneraient à la frénésie anti-sioniste de mars 1968. Il va sans dire que les manifestations étudiantes précédant la purge des “sionistes” du pays n’avaient aucune relation avec le Moyen-Orient, tout comme les anti-sionistes qui, quelques semaines plus tard, appelèrent les « sionistes” [à se rendre] au Siam ! » (‘Syjoniści do Syjamu!’). On a pu lire cet appel sur une banderole dans un rassemblement. L’auteur pensait apparemment que les sionistes venaient du Siam en raison de la proximité phonétique des deux termes en polonais.) L’histoire de l’antisémitisme manque autant d’ordre que les antisémites manquent d’entendement. Jusqu’avant la campagne électorale, le public, captivé par les protestations universitaires, resta complètement indifférent au sionisme. L’apparition soudaine du spectre sioniste dans les protestations étudiantes rappelle non seulement la continuité trompeuse des événements historiques, mais aussi la rupture violente de la pensée, qui caractérise si bien l’antisémitisme.
Punis pour leur implication dans les manifestations de Dziady, deux étudiants, Henryk Szlajfer et Adam Michnik, qui se trouvaient être juifs, furent expulsés de l’université de Varsovie. Le vendredi 8 mars, leurs collègues répondirent par une grande manifestation à l’université, brutalement dispersée par les forces de sécurité. La revendication de la liberté d’expression et des droits civiques fut cependant rapidement entendue dans les campus du pays. Avant la fin du week-end, des dizaines de milliers d’étudiants et de sympathisants se mobilisèrent pour cette cause.
Le régime se durcit. Les manifestations étaient devenues rapidement trop importantes pour être réprimées dans le calme. Si les travailleurs entraient dans le chorus de demande de liberté d’expression et d’éducation, le mouvement étudiant pouvait rapidement dégénérer en rébellion globale. Au siège du MSW, tout était prêt pour mettre un terme rapide à ce mouvement. Les hommes de Moczar, utilisant leurs connaissances récentes, listèrent les principaux instigateurs présumés, juifs pour la plupart. Après que Gomułka et d’autres membres haut placés du parti eurent validé la liste, elle fut remise à la presse afin de neutraliser les manifestations en lançant une campagne contre des provocateurs venus de l’étranger. Ils se dirent que les masses laborieuses ne se joindraient pas à une élite juive.
“EXTRACTION TOTALE DES ÉLÉMENTS SIONISTES”
La seule publication de cette liste aurait suffi à qualifier la propagande officielle contre le mouvement étudiant de cascade antisémite. Et alors que les organes officiels du parti se satisfirent de lister des noms à consonance juive, il a fallu le journal du groupe dissident catholique PAX, Słowo Powszechne, pour donner à la conspiration qui avait séduit la jeunesse polonaise son vrai nom. L’article «Aux étudiants de l’Université de Varsovie», publié le 11 mars, fit le lien avec l’infâme “cinquième colonne” sioniste de Gomułka. L’auteur dévoila le complot sioniste «visant à saper l’autorité des dirigeants politiques de la Pologne populaire». Heureusement, les lecteurs furent assurés que «les sentiments antisémites étaient étrangers à [la jeunesse polonaise]». Ils ne se méprendraient donc certainement pas quand ils apprendraient que les principaux organisateurs de la manifestation de l’université de Varsovie étaient des sionistes-nés qui « se réunissaient au club » Babel « de l’Association Sociale et Culturelle des Juifs.
Le public suivit avec enthousiasme, et à partir de ce moment, les médias abondèrent en condamnations, dénonciations de traîtres sionistes. Au cours des dix jours suivants, 250 articles parurent dont beaucoup soutenaient la théorie du complot anti-sioniste. Mais la campagne ne se limita pas à des articles haineux dans la presse ou talk-shows à la télévision. Au cours de plus de 100 000 réunions publiques dans des usines, des bureaux de partis politiques et même dans des clubs de sport, dans toute la Pologne, des résolutions anti-sionistes furent adoptées . L’une d’entre elles, particulièrement représentative, début avril, disait : «Nous exigeons le retrait complet des éléments sionistes et des autres ennemis de notre réalité socialiste de l’appareil politique, administratif, éducatif et culturel de l’État, ainsi que des organisations sociales. […] Ceux qui, dans leur nihilisme et leur cosmopolitisme empoisonnent l’esprit et le cœur de la jeunesse, doivent cesser de l’influencer.”’ Alors que la communauté juive échappa à un pogrom national, la rhétorique agressive fut accompagnée de violences physiques. Des journalistes juifs furent violentés, des travailleurs juifs malmenés et des étudiants juifs soumis à des traitements particulièrement durs aux mains de la milice de Moczar. Dans cette atmosphère qui, selon l’historien Dariusz Stola, s’apparentait à un «pogrom symbolique», des dizaines de personnes se suicidèrent après s’être retrouvées publiquement vilipendées et isolées socialement.
GOMUŁKA: ‘LES SIONISTES PARTIRONT’
Alors que la campagne n’aurait certainement pas pu être lancée sans le consentement de Władysław Gomułka, le premier secrétaire resta longtemps étrangement silencieux sur le tour antisioniste que celle-ci prenait. Plus d’une semaine après la publication de l’article incendiaire dans Słowo Powszechne, le 19 mars, il donna enfin son avis sur le rôle du sionisme dans les évènements, devant une large assemblée de militants du parti. Les principaux coupables des troubles étudiants, dit-il, étaient des éléments révisionnistes et réactionnaires, et certains, laissa-t-il entendre, étaient juifs. La population juive de Pologne, poursuivit-il, pourrait être divisée en trois groupes : polonais, cosmopolite et sioniste. Le premier groupe, et le plus important, sert fièrement sa patrie ; le second peut être toléré, mais le troisième : “des citoyens polonais qui sont émotionnellement liés à l’État d’Israël et qui ne pensent qu’à l’État d’Israël », devra quitter le pays. En opérant cette division en trois groupes, Gomułka minimisait l’importance d’un complot sioniste tout en reconnaissant son existence. Une partie importante de l’auditoire exprima son mécontentement face à la clémence du premier secrétaire et lui demanda de donner des noms. Les tentatives feintes de Gomułka pour calmer la foule et les démonstrations de défiance montrèrent que la dynamique de chasse aux sorcières antisémite était en route et avait cessé d’être une campagne contenue et contrôlée par le parti.
Au cours des semaines suivantes, alors que la fièvre antisioniste envahissait la Pologne, la communauté juive ne pouvait que retenir son souffle et attendre la fin de la crise. En juin 1968, le Comité Central décida de mettre fin à la campagne. Au cinquième congrès du parti en novembre, le sionisme n’était plus à l’ordre du jour. Quand un camarade lui demanda si les manifestations de mars étaient liées à un complot sioniste, le procureur général répondit : « Non, nous n’avons aucune preuve de cette supposition. »
La “supposition” eut un impact brutal sur la vie des victimes de la campagne antisémite. À Łódź, où elle fit rage, les journaux de la ville licencièrent des journalistes juifs, l’administration de la clinique ophtalmologique locale exigea des médecins des certificats de baptême et le bureau de propagande local de la PZPR publia du matériel éducatif citant les Protocoles des Sages de Sion. Moins de deux mois plus tard, la population juive de Łódz, qui était autrefois un centre florissant de la culture et des affaires juives, fut chassée de la ville.
L’ANTI-SIONISME EST-IL UNE DECLINAISON DE L’ANTISÉMITISME ?
La probabilité d’un complot sioniste était peu plausible en 1968 en Pologne. Un fermier local de Włoszczowa s’est emparé de l’absurdité de cette idée en déclarant : « Jusqu’à présent, nous avons entendu dire que les paysans et les ouvriers dirigeaient la Pologne, alors qu’en réalité ce sont les Juifs ». On pouvait facilement être d’accord avec le fermier de Włoszczowa : une idée bizarre se substituait à une autre. La plupart des auteurs qui ont étudié la campagne ont soutenu que son antisionisme était simplement un antisémitisme déguisé. Cette « thèse identitaire », comme je voudrais l’appeler, défend l’idée selon laquelle l’antisionisme est un phénomène superficiel que l’on peut réduire à l’antisémitisme classique. La signification de l’antisionisme est donc une translation directe de l’antisémitisme vers une idée socialement admissible. «Sionistes» signifie «juifs» ; vous dites le premier, mais en fait vous voulez dire le dernier, comme dans tout euphémisme.
Il y a beaucoup d’arguments en faveur de la thèse identitaire. Outre le fait que la campagne visait principalement les Juifs (et des personnes censées être juives), de nombreux éléments classiques de l’antisémitisme caractérisèrent également les événements de mars 1968. Les théories du complot, la paranoïa, l’anti-intellectualisme, l’anti-cosmopolitisme, qui faisaient tous partie de la campagne, faisaient partie intégrante du répertoire idéologique de la haine des Juifs depuis le 19ème siècle.
Cependant, je crois qu’il y a plus que cela. Lorsque l’antisémitisme apparaît comme un antisionisme, il n’est pas seulement dit autrement, il subit une transformation profonde. Le déplacement de « juifs » vers « sionistes » modifie la structure idéologique de l’antisémitisme. L’objet détesté – c’est-à-dire, en Pologne en 1968, le sioniste – résonne avec « l’impulsion obscure », le motif inconscient qui anime l’antisémite. Au lieu d’être une version codifiée, l’antisionisme de mars 1968 était une “inflexion”, une déclinaison de l’antisémitisme.
J’emprunte le terme «inflexion» à la linguistique. Il fait référence au fait que, dans de nombreuses langues, nous devons modifier la structure des mots pour rendre un certain sens en fonction du contexte grammatical. En infléchissant le verbe « être », par exemple, nous obtenons les formes « est » ou « était », et nous utilisons l’un ou l’autre selon que nous parlons au présent ou au passé.
L’antisémitisme peut également être décliné. Son contexte grammatical est la société elle-même. Dans l’exemple que j’ai mentionné, le mot (ou, pour être plus précis, le lexème) «être» ne ressemble en rien aux formes déclinées auxquelles il correspond. C’est et ce fut obscur, comme l’impulsion antisémite qui, selon les mots de Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, débouche sur un «système fantasmagorique». Les formes que prennent ces fantasmes sont irrationnelles mais elles ne sont pas dues au hasard. L’expression idéologique spécifique de l’antisémitisme à un moment donné est régie par ses circonstances historiques.
Mais quel fut le contexte qui rendit la déclinaison antisioniste plus adéquate, plus puissante, plus cohérente que sa forme de base : l’antisémitisme ? La désaccord du public à l’égard des anciennes formes d’antisémitisme a certainement joué un rôle. Mais ce n’était pas tout. La campagne de 1968 illustre bien l’innovation idéologique que l’antisionisme a apportée à l’antisémitisme : la perception du complot politique. Lorsque la répression contre les étudiants est devenue antisioniste, elle est devenue une chasse aux sorcières éminemment politique. Le rôle du politique est essentiel pour comprendre la relation entre l’antisionisme et l’antisémitisme traditionnel. Les anciennes images anti-judaïques et antisémites, telles que l’identification des juifs avec les meurtriers du Christ ou l’identification des juifs avec le Capital, avaient une efficacité limitée dans les conditions sociales de la Pologne populaire, où l’importance du politique était concrète pour tout le monde. Au lieu de cela, un autre aspect de l’antisémitisme est monté en puissance : l’identification des juifs avec un appareil d’état abstrait.
LE DISCOURS DU CONSPIRATIONNISME POLITIQUE
La “conspiration politique” a toujours été un élément essentiel de l’antisémitisme moderne, tout comme la “domination juive de l’économie”. Tant sur le plan économique que sur le plan politique, l’idée d’un complot juif découle du désir obsessionnel de concrétiser les relations sociales. La concrétisation de l’abstrait – un attribut terriblement précis pour décrire la société moderne – n’est pas une entreprise purement théorique : l’antisémite s’identifie au monde au travers de la représentation délirante qu’il s’en fait. L’historien et théoricien politique Moishe Postone écrit que, dans le National Socialisme, les Juifs sont devenus “l’incarnation de l’intangible ». La campagne en Pologne montre que l’image anti-sioniste d’Israël facilite ce processus de concrétisation obsessionnelle dans la sphère politique. Le complot politique est rendu tangible dans le sionisme. Et par conséquent, les présumés laquais d’Israël, les « sionistes », peuvent être les responsables du complot politique.
Le printemps 1968 nous offre amplement le matériel pour soutenir cette thèse. Un article du quotidien militaire Żołnierz Wolności informa ses lecteurs du « fantastique réseau israélien à travers le monde » qui est « la source de la puissance des services d’espionnage dirigés à partir de Tel Aviv ». Edward Gierek, qui a succédé à Gomułka en tant que premier secrétaire en 1970, évoqua les ambitions politiques malhonnêtes des sionistes devant un auditoire de 100 000 personnes à Katowice: « Cela se fait dans l’intérêt de vieux spéculateurs politiques qui agissent sans scrupule ». Gierek énuméra ensuite une liste de noms juifs bien connus, « ces Zambrowskis, Staszewskis, Słonimskis », tous au pluriel pour bien pointer le fait qu’ils ne sont pas des êtres humains individuels mais des représentants d’une organisation clandestine. Le « sionisme » est au pouvoir politique trouble ce que « les Rothschild » sont au cartel juif mondial : le nom d’une idée purement paranoïaque.
L’un des slogans les plus importants de la campagne était la lutte contre le «sionisme international». Cet oxymore exprime la fonction idéologique de la conspiration sioniste dans sa forme la plus condensée. L’antisémite imagine la conspiration juive comme non liée et omniprésente, c’est-à-dire comme « internationale ». Mais il cherche également à l’identifier, à la saisir et à l’anéantir. Dans la représentation déformée du sionisme, il donne à la conspiration un discours et un nom, fusionnant ainsi deux éléments antisémites contradictoires, l’omniprésence de l’objet détesté et le désir de concrétisation.
La concrétisation de la sphère économique n’est pas en contradiction avec la concrétisation du pouvoir politique. L’antisémitisme s’applique aussi bien aux Rothschild et aux «Zambrowskis, Staszewskis, Słonimskis». Le profiteur téméraire de l’antisémitisme traditionnel et les «spéculateurs politiques» de Gierek sont deux formes, deux déclinaisons de la même obsession antisémite visant à ce que le monde soit en accord avec l’un de ses fantasmes. L’article de Żołnierz Wolności en est un exemple. Son auteur clôt sa tirade contre les traîtres sionistes avec la synthèse de l’ancien et du nouvel antisémitisme : «Leur objectif était de servir les intérêts étrangers, de servir l’impérialisme et la subversion anti-polonaise et anti-socialiste. Leur patrie est le dollar américain, qu’ils le reçoivent de Tel-Aviv, de Bonn ou de Washington. Pour les antisémites, les Juifs ont toujours eu le contrôle du pouvoir économique et ils les ont détestés et enviés pour ce lien délirant avec l’argent. Dans l’anti-sionisme, la haine antisémite des juifs s’est donc consolidée dans le royaume du politique.
En Pologne, la purge des sionistes de l’armée, du parti, de l’administration et des institutions publiques fut la purge des juifs de la sphère politique. Tel est le sens du « sionisme » dans l’antisionisme: le Juif en tant qu’être politique, en tant que citoyen. Puisque la campagne antisémite de 1968 a placé ses objets dans la sphère politique, elle devait presque nécessairement apparaître comme un antisémitisme antisioniste.
Le 15 mars, un article du journal du parti Trybuna Ludu révéla comment le sionisme entretenait son caractère paradoxal : «[Les dirigeants sionistes] obligent le reste de la communauté juive, dispersée dans le monde entier – en suscitant des sentiments de nationalisme et de fanatisme religieux. – à apporter un soutien total à Israël. […] L’aide que les dirigeants sionistes demandent est donc une aide pour l’expansionnisme israélien, derrière laquelle se trouvent les forces de l’impérialisme, en particulier de l’impérialisme ouest-allemand et américain. Tout au long de la campagne, la connexion du sionisme à l’Allemagne de l’Ouest et aux États-Unis a été un thème récurrent, bien que les pamphlétaires n’aient pas pu se mettre d’accord sur qui manipulait secrètement qui. La fusion du complot économique et du complot politique est illustrée dans un article paru dans Glos Pracy du 18 mars : «Le sionisme a travaillé avec des capitaux français et britanniques et est même né sous l’influence de ce capital. Récemment… [avec] l’impérialisme américain et ouest-allemand.
PAR-DELÀ LA POLOGNE DE 1968
La vigueur odieuse des antisémites est souvent liée à la cohérence de leur délire. Les antisémites veulent que leurs objets soient facilement identifiables et prêts à être utilisés. Le démon sioniste qui fut conjuré en mars 1968 a atteint cet objectif. Dans la cinquième colonne sioniste, le délire de domination mondiale juive s’est manifesté dans la sphère politique. Le cas polonais nous aide à comprendre la fonction idéologique de l’antisionisme dans l’antisémitisme : l’antisionisme donne une place à un conspirationnisme jusqu’ici politiquement indéterminé. Et le sort tragique des 15 000 Juifs polonais qui ont été forcés d’émigrer nous rappelle de manière poignante que la cible de l’antisémitisme antisioniste n’est pas seulement l’État juif mais le peuple pour la protection duquel il a été fondé.”
Remarques
* L’auteur souhaite remercier pour l’aimable aide et les conseils du professeur Jeffrey Herf, Département d’histoire, Université du Maryland ; Dr Matthias Küntzel, membre du corps professoral du Collège technique de Hambourg et chercheur à l’Institut Vidal Sassoon de l’Université hébraïque ; Dr Daphne Burdman, associée de recherche, Truman Institute, Université hébraïque ; M. Amnon Seigneur de Jérusalem ; Dr Shaul Baumann, membre de l’Institut Vidal Sassoon, Université hébraïque, et Dr Kevin Coogan de Long Island City, New York.
[1] Par exemple, Léon Poliakov,De l’antisionisme a l’antisémitisme (Paris : Calman Levy, 1969) [français] ; Institut des Affaires juives,Propagande antisémite soviétique : preuves tirées des livres, de la presse et de la radio (Londres : Institute of Jewish Affairs, 1978) ; Robert Wistrich,L’Apocalypse hitlérienne : les Juifs et l’héritage nazi (Londres : Weidenfeld & Nicolson, 1985) ; Bernard Lewis,Sémites et antisémites(New York : WW Norton, 1986). Pour une source particulièrement utile concernant la pensée nazie et l’extrême droite dans l’Europe d’après-guerre, voir : Kevin Coogan :Rêveur du jour. Francis Parker Yockey et l’Internationale fasciste d’après-guerre (New York : Autonomedia, 1999).
[2] Voir Yigal Carmon, « Qu’est-ce que l’antisémitisme arabe ? chez Klaus Faber, Julius H. Schoeps et Sacha Stawski, éd.,La nouvelle haine des Juifs : antisémitisme, conflit israélo-arabe et politique européenne (Berlin : Verlag für Berlin-Brandenburg, 2006), 209-10 [allemand]. Carmon a écrit :
Malgré toutes ces manifestations largement connues, l’antisémitisme dans le monde arabe a longtemps été ignoré, même en Israël. À quelques exceptions près, l’écrasante majorité des experts du Proche-Orient en Israël et hors d’Israël ont évité ce thème. Ici, l’idée selon laquelle l’entreprise sioniste aurait dû résoudre le problème de l’antisémitisme joue définitivement un rôle. La conclusion selon laquelle une haine à laquelle les Juifs croyaient avoir échappé devrait également les frapper au Proche-Orient est une conclusion que beaucoup préféreraient ne pas admettre. En outre, la crainte fondée que la révélation de tendances antisémites de l’autre côté ne renforce la réticence politique d’Israël à céder et aide plutôt les groupes politiques qui refuseraient tout compromis territorial, a peut-être contribué à ce déni. (traduction de l’auteur)
Aussi, Martin Kramer,Des tours d’ivoire sur le sable : l’échec des études sur le Moyen-Orient en Amérique (Washington, DC : Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, 2001).
[3] Marc Bloch,Le métier d’historien, tr. Peter Putnam (New York : Vintage Books, 1953), 93. Pour le texte original, voir :Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, annoté par Etienne Bloch (Paris: Armand Colin, 2004), 96.
[4] Philip M. Taylor, « Propagande de Thucydide à Thatcher : quelques problèmes, perspectives et pièges » (1992), http://ics.leeds.ac.uk/papers/vp01.cfm?outfit=pmt&requesttimeout=500&folder= 25&papier=48.
[5] « Goebbels sur la propagande »,Le Congrès de Nuremberg en 1934 (Munich : Zentralverlag der NSDAP, Frz. Rather Nachf., 1934), 130-41 [allemand], cité par le site Internet de Phil Taylor, http://ics.leeds.ac.uk/papers/vp01.cfm?outfit=pmt&requesttimeout=500&folder=715&paper=2159.
[6] Jeffrey Herf,L’ennemi juif : la propagande nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste (Cambridge : Belknap Press de Harvard University Press, 2006), 270-71.
[7] Ibid., 51-52.
[8] Ibid., 64-65.
[9] Ernst H. Gombrich,Mythe et réalité dans les émissions allemandes de guerre(Londres : Université de Londres, The Athlone Press, 1970), 14, 23. L’auteur remercie le Dr Matthias Küntzel pour cette référence.
[10] Idem, 23.
[11] Pierre-Andre Taguieff, Sortir de la boue, trad. Patrick Camiller (Chicago : Ivan R. Dee, 2004), 62.
[12] Idem, p. 69.
[13] www.thefirstpost.co.uk/atoz.php.
[14] « L’inversion monstrueuse », 6 janvier 2006, www.melaniephillips.com/diary/?p=1100.
[15] Mark Landler, « Les liens germano-polonais chutent à un nouveau plus bas ; le traité d’après-Seconde Guerre mondiale est remis en question »,International Herald Tribune, 22 décembre 2006.
[16] Philip M. Taylor,La propagande britannique au XXe siècle (Édimbourg : Edinburgh University Press, 1999), 27-29.
[17] Idem, 23.
[18]Campbell Stuart,Les secrets de Crewe House : l’histoire d’une campagne célèbre (Londres : Hodder & Stoughton, 1920), 64.
[19]Taylor,Propagande britannique,56-57.
[20]Le siècle chrétien, cité par Robert Jan van Pelt,Les arguments en faveur d’Auschwitz : les preuves du procès Irving (Bloomington : Indiana University Press, 2002), 133-34.
[21] Idem, p. 133.
[22]Taylor,Propagande britannique, 231.
[23] Carl J. Friedrich, « The Rise of Totalitarian Dictatorship », dans Jack J. Roth, éd.,Première Guerre mondiale : un tournant dans l’histoire (New York : Knopf, 1968), 53-54.
[24] « Hitler sur la propagande de guerre deMon combat, Tome Un :Un bilan,
Chapitre VI : « Propagande de guerre » », site Web de Phil Taylor, http://ics.leeds.ac.uk/papers/vp01.cfm?outfit=pmt&folder=715&paper=2499. Voir en particulier Eberhard Jäckel,La vision du monde d’Hitler : un modèle de pouvoir, trans. Herbert Arnold (Cambridge : Harvard University Press, 1981) ; Gombrich,Mythe et réalité, 4.
[25]Mon combat (Traduction de James Murphy, 134), cité par Wikipedia sv, « Big Lie », http://en.wikipedia.org/wiki/Big_Lie. L’original allemand de ce passage se trouve dans le livre 1, au début du chapitre 10, et se trouve sous la rubrique n° 252 : « Désarmement moral du dangereux accusateur. »
[26] Friedrich., 57.
[27] E. H. Carr a expliqué que : « Les bolcheviks, lorsqu’ils ont pris le pouvoir en Russie, se sont retrouvés désespérément faibles face aux armes militaires et économiques ordinaires des conflits internationaux. Leur principale force résidait dans leur influence sur l’opinion des autres pays ; il est donc naturel et nécessaire qu’ils exploitent cette arme au maximum. » E.H. Carr,Propagande en politique internationale (Oxford : Clarendon Press, 1939), 13.
[28] Hannah Arendt,Les origines du totalitarisme, 2sd éd. (New York : Meridian, 1958), 361.
[29] Omer Bartov,L’armée hitlérienne : soldats, nazis et guerre sous le Troisième Reich (New York : Oxford University Press, 1991), 106.
[30] Idem.
[31] Ibid., 140, 141.
[32] Misha Louvish, éd.,Un peuple qui habite seul ; Discours et écrits de Yaakov Herzog (Londres : Weidenfeld et Nicolson, 1975), 21.
[33] « Toynbee visite l’Egypte »,Washington Post, 8 avril 1964.
[34] Jennie Lebel,Haj Amin ve-Berlin (Hajj Amin et Berlin) (Tel Aviv : par l’auteur, 1996), 210-13 [hébreu]. Voir aussi Sanche de Gramont, « Les Allemands embauchés par Nasser »,Message du samedi soir, 13-20 juillet 1963, 60-64.
[35] Kurt P. Tauber,Au-delà de l’aigle et de la croix gammée ; Le nationalisme allemand depuis 1945 (Middletown, CT : Wesleyan University Press, 1967) II, 1115. L’auteur remercie Kevin Coogan pour cette référence.
[36] Matthias Küntzel,Jihad et haine des Juifs : à propos de la nouvelle guerre anti-juive (Fribourg : ca ira, 2002), 50-51. [Allemand]
[37] Description de Kurt P. Tauber,Au-delà de l’aigle et de la croix gammée,II, 1269.
[38]Informations sur les instruments de recherche des Archives fédérales, www.bundesarchiv.de/foxpublic/C22B50860A062212000000001FEE00A6/findmittelinfo.html. Voir aussi Robert S. Wistrich,Who’s Who dans l’Allemagne nazie (Londres : Routledge, 1995), 153.
[39] Schaul Baumann,Le mouvement religieux allemand et son fondateur Jakob Wilhelm Hauer (1881-1962), thèse de doctorat, Université hébraïque, 1998, 241, n. 49. Voir aussi Ulrich le Grand,Le mouvement religieux allemand : une enquête historique et sociologique (Marbourg : Diagonal, 1993), passim. [Allemand]
[40] Karla Poewe,Les nouvelles religions et les nazis (New York et Londres : Routledge, 2006), 25.
[41] Schaul Baumann,Le mouvement religieux allemand et son fondateur Jakob Wilhelm Hauer (1881-1962), trad. Alma Lessing (Marbourg : Diagonal-Verlag, 2005), 171, n. 358. [allemand]
[42] Emil L. Fackenheim,Réparer le monde : fondements de la pensée juive post-Holocauste (Bloomington et Indianopolis : Indiana University Press, 1994), 184.
[43] Ibid., note de bas de page.
[44] Voir : Jeffrey Herf, « Convergence : le cas classique, l’Allemagne nazie, l’antisémitisme et l’antisionisme pendant la Seconde Guerre mondiale »,Le Journal de l’histoire israélienne 25 : 1 (mars 2006), 66-79. Ici, Herf a établi que c’était une politique officielle et « une partie d’un vaste effort stratégique », comme le reflètent les directives de presse et les textes eux-mêmes, « de courtiser les Arabes aux côtés des puissances de l’Axe » (p. 67). . Cela a abouti à « la convergence de l’antisémitisme et de l’antisionisme dans le régime nazi… » (p. 72).
[45] http://en.wikipedia.org/wiki/Mellah.
[46] « Judaïsme et Islam comme opposés »,La question juive, Vol. 6, n° 24 (15 décembre 1942) : 278, cité et paraphrasé par Herf,L’ennemi juif, 181.
[47] Gérald Fleming, Hitler et la finale Solution(Berkeley : University of California Press, 1984), 101-05. Ce chapitre décrit la visite de l’ex-Mufti à Hitler le 21 novembre 1941 et contient le protocole de leur discussion.
[48]Maurice Pearlman,Mufti de Jérusalem : L’histoire de Haj Amin el Husseini (Londres : Gollancz, 1947), 64.
[49] Niveau,Haj Amin, 212.
[50]Les amis de Rassinier.
[51] http://en.wikipedia.org/wiki/Johann_von_Leers.
[52]Informations sur les instruments de recherche des Archives fédérales.
[53] Sorcière,L’Apocalypse hitlérienne, 176.
[54] Lewis,Sémites et antisémites, 207.
[55] Mikhaïl Heller et Aleksandr M. Nekrich,L’utopie au pouvoir : l’histoire de l’Union soviétique de 1917 à nos jours, trad. Phyllis B. Carlos (New York : Summit Books, 1986), 670 :
La guerre des Six Jours, en 1967, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de l’antisémitisme soviétique. Après cela, les autorités ont cessé d’avoir honte de l’antisémitisme et celui-ci a acquis tous ses droits. Le sionisme est devenu le dernier objet de haine approuvé et autorisé, tout comme l’avaient été autrefois les Nepmen, les démolisseurs et les koulaks. Dans des livres et des périodiques publiés à des millions d’exemplaires, ainsi que dans des films et des émissions de télévision, le sionisme était décrit comme la menace la plus sérieuse pour l’État soviétique. Une commission permanente a été créée au sein de la Section des sciences sociales de l’Académie des sciences de l’URSS « pour coordonner les recherches consacrées à l’exposition et à la critique de l’histoire, de l’idéologie et de l’activité pratique du sionisme ».
[56] Stefan T. Possony,Réveiller le géant (New Rochelle, NY : Arlington House, 1974), 473. Ce livre est écrit sous la forme d’un récit fictif, mais l’auteur a constaté que ses références sont toujours fiables.
[57] Polonais,De l’antisionisme, 147. Selon Martin A. Lee, le titre du pamphlet en question était « L’Amérique – Une colonie sioniste ». Martin A. Lee,La bête se réveille (New York : Routledge, 2000), 168. L’auteur n’a pas réussi à retrouver la brochure.
[58]Le même langage : d’abord, tirez sur Hitler – maintenant, tirez sur Ulbricht ; Conférence de presse de Simon Wiesenthal le 6 septembre 1968 à Vienne (Bonn : rapports Deutachland, 1968).
[59] Voir notamment : J. H. Brinks, « Political Anti-Fascism in the German Democratic Republic »,Journal d’histoire contemporaine, Vol 32, No. 2 (avril 1997) : 214. L’auteur remercie Alexander Arndt, stagiaire Aspen au JCPA, pour cette référence.
[60] Charles W. Thayer,Les Allemands inquiets (New York : Harper, 1957), 115-116 et 193ff et Richard Pipes,La Russie sous le régime bolchevique (New York : Livres Vintage, 1995), 228.
[61] William Stevenson,La Confrérie Bormann (Londres : Arthur Barker, 1973), 127.
[62] Youri Ivanov,Ostorozno : sionisme !Comme cité par William Korey,Antisémitisme russe, Pamyat et démonologie du sionisme(Coire, Suisse : Harwood Academic Publishers, 1995), 20, n. 20.
[63]La vérité, 9 mars 1969, cité par Korey,Antisémitisme russe, 21 et n. 21.
[64] Stefan T. Possony a souligné que les variantes de l’allégation de complot représentent un « chevauchement » de l’antisémitisme « de droite » et communiste. Voir : « L’antisémitisme dans la région russe »,Sociétés plurielles, 5:4 (hiver 1974), 59.
[65] Pour l’utilisation de slogans dans la propagande soviétique, voir Joel Fishman, « The Cold-War Origins of Contemporary Antisemitic Terminology », Jerusalem Viewpoints, n° 517, Centre des affaires publiques de Jérusalem, 2-16 mai 2004.
[66] Bernard Lewis, « La résolution antisioniste »,Affaires étrangères, octobre 1976, 54.
[67] Bat Ye’or,Eurabie : l’axe euro-arabe (Madison/Teaneck, NJ : Fairleigh Dickinson University Press, 2005), 44. D’un intérêt similaire est Ruth R. Wisse, « Israël et les intellectuels : une défaillance de nerf ?Commentaire, 19 mai 1988. Dans cet bel essai, Wisse soulève la question de « l’inversion morale des termes » du président Charles de Gaulle dans ses accusations contre Israël.
[68] Bertrand Russell, « Lettre ouverte à Wladyslaw Gomulka »,La communauté juive mondiale, Vol. 11, n° 6 (novembre-décembre 1968), 8, cité pour la première fois dans Possony,Réveiller le géant, 473.
[69] Richard Pipes, « Quelques principes opérationnels de la politique étrangère soviétique », dans M. Confino et S. Shamir, éd.,L’URSS et le Moyen-Orient (Jérusalem : Israel Universities Press, 1973), 19, 20. Les chercheurs israéliens Gidon Remez et Isabella Ginur, utilisant des sources russes, ont découvert que l’Union soviétique avait en réalité planifié en 1967 une invasion massive d’Israël mais qu’elle avait été prise par surprise. Leurs résultats seront bientôt publiés.
[70] « From Russia with Terror », entretien d’Ion Mihai Pacepa par Jamie Glazov, 1er mars 2004, www.frontpagemag.com/Articles/Printable.asp?ID=12387.
[71] Y. Harkabi, The Palestine Covenant and its Meaning (Londres : Vallentine, Mitchell, 1979), 12, 13.
[72] Voir Khaled Abu Toameh, « Kaddoumi : la charte de l’OLP n’a jamais été modifiée »,Poste de Jérusalem, 23 avril 2004.
[73] www.palestinecenter.org/cpap/documents/charter.html.
[74] Ibid., cité par Matthias Küntzel, « Islamic Antisemitism and Its Nazi Roots »,Antisémitisme International ([SICSA] 2004) : 47.
[75]Alex Grobman,Nations Unies (Green Forest, AR : Balfour Books, 2006), 37-48. Voir aussi Manoir Yohanan,Réparer un tort : la révocation de la résolution 3379 de l’Assemblée générale des Nations Unies, diffamant le sionisme (New York : Shengold, 1996).
[76] Abraham Cooper et Harold Brackman, « À travers un verre, sombrement : Durban et le 11 septembre »,Milieu du secteur, novembre 2001, 2.
[77] Pour le rôle constamment partisan de Mary Robinson, voir en particulier Tom Lantos, « The Durban Debacle: An Insider’s View of the UN World Conference against Racism » Forum Fletcher des affaires mondiales, Vol. 26, n° 1 (2002) et réimprimé par l’Institut du Congrès juif mondial (Jérusalem, 2002).
[78] Anne Bayefsky, « La Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme : une conférence raciste contre le racisme »,Procédures ASIL (2002) : 67.
[79] Lewis, « Résolution antisioniste », 54.
[80] « Convergence : le cas classique, l’Allemagne nazie, l’antisémitisme et l’antisionisme pendant la Seconde Guerre mondiale. »
[81] Bayefsky, « Conférence mondiale des Nations Unies », 65, 74 ; Cooper et Brackman, « À travers un verre », 2.
[82] Hannah Arendt, « Vérité et politique », dansEntre passé et futur (New York : Viking Press, 1954), 239.
[83] Voir : Isabella Ginor/Gideon Remez,Des chauves-souris renardes sur Dimona. Le pari nucléaire des Soviétiques dans la guerre des Six Jours (New Haven et Londres : Yale University Press, 2007). Leur étude importante améliore considérablement notre compréhension des objectifs stratégiques de l’Union soviétique et de sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre des Six Jours, dont ils pensaient qu’elle aboutirait à une victoire décisive pour elle.
[84] Plus récemment, l’accusation est devenue courante selon laquelle les musulmans seraient victimes de préjugés et d’« islamophobie ».
[85] Carl von Clausewitz a écrit que la guerre est un instrument de politique et que l’homme d’État et le commandant doivent déterminer le type de guerre dans laquelle ils s’embarquent.Sur la guerre, éd. et trad. Michael Howard et Peter Paret (Princeton : Princeton University Press, 1984), livre I, chapitre 1, article 27, 88-89.
[86] « Goebbels sur la propagande ».
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DR. Joël Fishman est membre du Centre des affaires publiques de Jérusalem et président de la Fondation pour la recherche sur la communauté juive néerlandaise à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est l’auteur de « Dix ans depuis Oslo : la stratégie de « guerre populaire » de l’OLP et la réponse inadéquate d’Israël », Centre des affaires publiques de Jérusalem,Points de vue de Jérusalem N° 503, 1er septembre 2003 et co-auteur (avec Efraim Karsh) deLa Guerre d’Oslo (La guerre d’Oslo) (Paris : Editions de Passy, 2005). Le Dr Fishman mène des recherches sur la guerre politique, en particulier la guerre médiatique et la propagande.