La faillite morale d’Amnesty International
Politique
Publié le 17 décembre 2024
Caroline Yadan (Le Point)
La publication d’un rapport de l’ONG concernant Israël, comme son silence face au calvaire de Boualem Sansal, fait réagir la députée Caroline Yadan.
Les dérives d’Amnesty International ne datent pas d’hier. En 2005, déjà, Amnesty militait pour la libération d’Oussama Atar, djihadiste qui deviendra le cerveau des attentats du Bataclan. En 2010, sa responsable des droits des femmes, Gita Sahgal, démissionnait pour dénoncer le partenariat avec Cage, cette organisation dont le porte-parole, Mozzan Begg, est issu d’Al-Qaïda.
En 2022, l’ONG, défenseure du CCIF islamiste, nommait comme responsable régional Saleh Hizazi, chef de file du mouvement BDS ; la même année, son directeur américain déclarait qu’Israël ne devrait pas exister en tant qu’État juif, qualifié d’État « apartheid », tout en reprenant en août 2022, dans un communiqué, la propagande du Kremlin accusant Kiev de crimes de guerre.
Mais Amnesty International s’est particulièrement illustrée, la semaine dernière, par la production d’un rapport pensé pour accabler Israël et dans lequel l’organisation refuse de soutenir Boualem Sansal, détenu en Algérie pour intelligence avec la liberté.
Le rapport d’abord. Celui-ci vise à attester l’existence d’un génocide à Gaza afin de nourrir les condamnations internationales qui ne manqueront pas de s’y référer. Seulement voilà : ce rapport est comme le Canada Dry, il a l’apparence du sérieux, il a le goût de la neutralité, mais il est en réalité tissé de mythes et de slogans, sans aucune substance. Six pages et 2 500 caractères qui tiennent en définitive en deux mots : manipulation et omissions.
L’ONG manipule le droit international
Manipulation du droit international… Amnesty International n’hésite pas à redéfinir le terme juridique de « génocide », dont on sait qu’il correspond depuis 1948 à celui de la Convention pour la répression du génocide comme étant « des actes commis dans l’intention de détruire tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux du fait de ses origines ».
Comme cette définition ne peut objectivement pas s’appliquer à Israël mais correspond aux actes barbares perpétrés par le Hamas le 7 octobre, l’ONG explique tranquillement que la définition susvisée serait trop restrictive, en laissant entendre que des civils blessés lors d’une attaque rendrait ipso facto cette attaque illégale. Or, n’importe quel esprit honnête sait bien que si toute perte de vie est évidemment une tragédie, toute tragédie n’est pas un génocide.
Cette tentative de redéfinition du terme génocide, sans tenir compte de l’intention génocidaire, est très dangereuse car elle donne une immunité totale aux organisations terroristes opérant sous le couvert des populations civiles et empêche l’application des stratégies de siège dans les situations de guerre asymétriques, pourtant prévues par le droit international.
En d’autres termes, il deviendrait interdit à toute armée régulière de combattre les terroristes qui se sont infiltrés dans des zones urbaines ou parmi les civils. Pire encore : en qualifiant à tort la riposte d’Israël de génocidaire, la position d’Amnesty encourage toutes les organisations terroristes à adopter ces tactiques de boucliers humains.
Donc manipulation du droit mais aussi omissions fondées sur une méthodologie douteuse qui ignore volontairement un certain nombre de faits, pourtant avérés.
Amnesty International et ses méthodes douteuses
Concernant Israël : aucune mention n’est faite des plus de 900 000 tonnes de nourriture, des 60 000 camions d’aide humanitaire acheminés à Gaza depuis le début de la guerre. Aucune mention ne figure non plus dans le rapport d’Amnesty des 1 100 000 vaccins administrés contre la polio, portant le taux de vaccination des enfants à 90 %.
Aucune mention non plus de la désignation de zones de sécurité et des couloirs humanitaires destinés à protéger la population civile des combats. Aucune mention, enfin, des ordres d’évacuation par voie de tracts et SMS envoyés aux civils de Gaza avant les bombardements, mesures humanitaires qui vont au-delà de ce qu’a été, par exemple, la pratique des forces de la coalition en Afghanistan ou en Irak….
Ces éléments sont ignorés car totalement incompatibles avec la notion de génocide.
Concernant le Hamas : le même rapport omet de citer les pillages des cargaisons destinées à la population civile. Mais aussi le refus d’accès aux vastes entrepôts de médicaments et de nourriture dans les tunnels ; l’utilisation systématique et documentée des infrastructures civiles (écoles, hôpitaux, mosquées, bâtiments publics) comme postes de commandement, base de lancement ou entrepôts d’arme.
Ne sont pas évoqués par Amnesty les froids assassinats des otages et leur inhumaine détention. L’ONG omet de parler des roquettes, missiles et drones tirés quotidiennement sur Israël comme de l’objectif déclaré du Hamas : combattre les Juifs sur terre pour que la victoire d’Allah soit réalisée. Ces éléments sont mis sous silence car ils servent l’inversion accusatoire en œuvre depuis le 7 octobre, date depuis laquelle Amnesty International se montre incapable de qualifier le Hamas de mouvement terroriste.
Silence coupable concernant la détention de Boulem Sansal
L’absence de soutien à Boulem Sansal ensuite. Alors que l’Agence de presse publique algérienne a confirmé le 22 novembre dernier son arrestation pour notamment « atteinte à l’unité nationale et complot contre la sûreté de l’État », Amnesty refuse de condamner officiellement cette détention arbitraire, estimant ne pas disposer d’éléments d’information suffisants.
On croit rêver. Face à la violence qu’un État exerce sur ses écrivains, l’ONG qui prétend défendre les « droits humains » considère donc que l’un d’entre eux ne serait pas digne d’être défendu lorsqu’il est diffamé, persécuté ou emprisonné, car il pense et s’exprime autrement que le gouvernement autoritaire et militarisé qui l’a enfermé.
Amnesty International est ainsi devenue, par ses mensonges et ses manipulations, l’illustration même du service rendu à l’entrisme islamiste, cette idéologie totalitaire qui assombrit peu à peu nos démocraties. Nous n’avons cependant pas d’autre choix que celui de continuer à combattre, car l’Histoire a démontré que la Lumière, sans compromission, résiste finalement toujours à l’obscurantisme et à l’oppression.
Avocate, Caroline Yadan est députée du groupe « Ensemble pour la République », élue par les Français établis hors de France (8e circonscription)