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Intimidation par les islamistes radicaux : les origines nazies de la propagande islamiste

Religion

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Alexandre Feigenbaum (Dhimmi Watch)

On peine à imaginer comment le monde aurait pu devenir subitement antisémite et pro-islamiste le 8 octobre 2023 au matin, après le pogrom commis la veille par le Hamas. En fait, cet antisémitisme résulte d’un processus de propagande, engagé depuis près d’un siècle. La diffusion s’est amplifiée dans les années 1990 ; les générations nées en France depuis cette date n’ont presque jamais entendu parler positivement d’Israël. Nous décrivons ici la genèse des narratifs et des slogans antijuifs des islamistes radicaux contemporains.

L’islam a toujours considéré les Juifs et les Chrétiens comme des dhimmis. On leur laissait la vie sauve, ils avaient le droit de conserver leur rite et leurs croyances. La contrepartie était qu’ils devaient s’astreindre à une discrétion dans leurs pratique, accepter un asservissement aux Musulmans et payer une taxe très lourde[1]. Les dhimmis, méprisés et humiliés, ont toujours vécu dans des conditions précaires. S’ils essayaient d’échapper à leur statut, cela déclenchait des massacres terribles.

La situation s’est aggravée au 20ème siècle, avec l’islam politique et ses liens souvent étroits avec le nazisme. Le maître à penser, c’est ici Mohamed Amin al-Husseini (1895-1974, en encadré de cet article), grand mufti de Jérusalem. Dès les années 1920, il déclenche des émeutes antijuives en Palestine. En 1937, il rédige un pamphlet de quelques pages « Islam et Judaïsme », qui compile les versets du Coran et des hadiths antijuifs, avec une nouvelle vision : les Juifs deviennent des ennemis redoutables de l’islam et de chaque Musulman. Il ne s’agit plus d’asservir et d’humilier les dhimmis juifs vivant sous la sharia : il s’agit de les tuer, tous, partout.

Dans « Islam et Judaïsme », Al-Husseini insiste sur la bataille de Khaybar, menée par Mohamed contre une tribu juive. C’est aussi l’histoire de Zaynab bint Al-Harith, dont le mari, puis le père, l’oncle, les frères périrent au combat à la tête de la résistance juive. Lorsqu’il n’y eut plus d’espoir, Zaynab empoisonna un repas de Mahomet. Le prophète échappa miraculeusement à ce poison violent ce jour-là, mais al-Husseini cite un hadith qui attribue la cause à la mort du prophète à ce poison violent … 4 ans plus tard[2] :

« le peu de poison qui s’était introduit dans la langue de Mahomet continuait à se faire sentir, et certains historiens attribuent sa mort à cela… Les Musulmans doivent toujours garder à l’esprit le repas à Khaybar ».[3]

Al Husseini a fait de cette “Juive perverse” l’un des symboles du complot des Juifs, tous les Juifs, contre les Musulmans, tous les Musulmans. Cette histoire est couramment racontée dans les programmes pour enfants de TV arabes.[4]

« Islam et Judaïsme » inspira les Frères musulmans égyptiens et les nazis allemands. Après l’arrivée de Al-Husseini à Berlin en 1941, l’émission de propagande de Radio Berlin en arabe devint plus radicale, surtout pour l’antisémitisme.[5]

Soldats bosniaques lisant « Islam et judaïsme » de Al-Husseini

Après la guerre, Al-Husseini put revenir en Égypte. Là, il fut accueilli triomphalement par les Frères musulmans.[6] Sayyed Qutb, le théoricien des Frères, reprit largement les vues de « Islam et Judaïsme ». Voilà ce qu’en écrit Matthias Küntzel :

« Qutb a révisé le Coran et réécrit l’histoire traditionnelle de l’Islam. Alors que les Juifs de Médine n’avaient en réalité aucune chance contre Mahomet et ses compagnons, Qutb présente les musulmans comme les victimes et les Juifs comme les agresseurs de l’Islam. Dans son esprit, les événements locaux particuliers à Médine font partie d’une guerre mondiale et âprement menée qui ne peut se terminer qu’avec la destruction d’un camp ou de l’autre. »

En 1946, après la guerre, Al-Husseini revint en Égypte. Il fut l’instigateur de la guerre arabe contre Israël en 1948.[7] Yasser Arafat participa à la bataille de Jérusalem et resta toute sa vie inspiré par Al-Husseini, son maître.[8] Dans les années 1950, Al-Husseini accueillit en Égypte des milliers de nazis en fuite. Beaucoup se convertirent à l’islam, et là, aux portes d’Israël, ils poursuivirent intensément leur travail de propagande antijuive (voir note 8).

L’Institut pour l’étude du sionisme, fondé au Caire en 1955 pour “lutter contre le Sionisme et le Judaïsme international”, emploie de nombreux nazis. Son directeur, Alfred Zingler, alias Mahmoud Saleh, était conseillé par le Dr Johannes von Leers, alias Omar Amin, spécialiste de la question juive au Ministère de la propagande de Goebbels.[9]

En 1962, lors du concile Vatican 2, le Pape Jean XXIII voulait confirmer le lien spécial des Juifs avec leur terre ancestrale, et préparait la reconnaissance d’Israël par le Vatican. C’était sans compter avec les amis de Al-Husseini, réfugiés au Caire :

Pour déjouer ce projet, Gleim et Heiden [deux nazis réfugiés au Caire] rédigèrent un ouvrage intitulé « Le Complot contre l’Église » qui fut diffusé à l’échelle mondiale. Ils avaient tiré de leur sac toutes les vieilles ficelles nazies: le cardinal Bea était juif, ses collègues occidentaux avaient été bernés ou corrompus, l’Église romaine était entachée de l’hérésie judaïque. Du Moyen-Orient à l’Amérique latine, nombre de prélats se laissèrent impressionner, et au Concile, les protestations et les amendements fusèrent. En résultat de quoi, les Arabes eurent gain de cause sur tous les points proprement politiques.[10]

Al-Husseini réussit à répandre une image très négative d’Israël dans des organisations internationales. En 1955, il intervint à la conférence de Bandœng, la première conférence des pays récemment décolonisés. Israël, pourtant aussi récemment décolonisé, n’était pas invité, à la demande des pays arabes :

À Bandoeng, Amin Al-Husseini put “révéler” à loisir les véritables visées sionistes : la formation d’un vaste empire s’étendant du Nil jusqu’à l’Euphrate… incluant la Jordanie, la Syrie, le Liban, le Sinaï, le delta d’Égypte, l’Irak et le Nord-Hedjaz, et donc la fameuse ville sainte de Médine.» (voir la référence 10).

Ce mythe d’un Israël grand colonisateur, “de la rivière à la mer”, est expliqué dans la charte du Hamas : Puisque la Palestine a été conquise de vive force par le jihad, c’est une terre arabe pour l’éternité et les autochtones (dont les Juifs) n’ont d’autre choix que d’y vivre “à l’ombre de l’islam”.

Il faut noter que la propagande nazie a rencontré des oppositions en Égypte, dès les années 1930 :

Nombre d’intellectuels marquants de l’Égypte (Taha Hussein, Muhammad Husayn Haykal, Abbas Mahmoud el Akkad, Ibrahim ‘Abd al Qadir al Mazini, Tawfik el Hakim)…  œuvraient pour promouvoir des positions antifascistes dans les secteurs et les groupes plus populaires de la société. La presse fut leur principal porte-parole… Le slogan “Le combat contre Hitler ne connaît pas de frontières étatiques ou religieuses”, formulé par le rédacteur du journal La Bourse égyptienne, fut repris tel quel ou sous d’autres versions dans de nombreux journaux.[11]

En 1945, ces intellectuels appelèrent à une dénazification de l’Égypte.[12] Mais les Frères musulmans étaient devenus une organisation très puissante, dont les idées imprègnent l’ensemble du monde musulman. La propagande de Radio Berlin en arabe et en persan a laissé des traces durables.

En conclusion, Al Husseini, par ses liens étroits avec les Frères musulmans et avec les nazis, a mis le conflit israélo-arabe sur les rails qu’on lui connaît aujourd’hui. Le Hamas a pris à son compte le projet de génocide des Juifs. Nous verrons dans la seconde partie de cet article comment les jihadistes ont fait croire en Occident qu’ils représentent le bien, alors qu’ils sont suprémacistes, homophobes, racistes, sexistes, misogynes, antinoirs, antijuifs et qu’ils sont responsables de nombreuses guerres et de misère.

Cet article correspond à une conférence de Dhimmi Watch, prononcée le 5 décembre 2024, décrivant comment la propagande islamiste a été introduite en Occident.[13] Les travaux de Bat Ye’or,[14] de Léon Poliakov et de Pierre-André Taguieff[15] sont des sources essentielles de documentation.

Alexandre Feigenbaum est président de Dhimmi Watch

L’illustration représente Amin al-Husseini, en novembre 1943, vérifiant l’armement et les instructions de volontaires bosniaques de la Waffen SS (Bundesarchiv_Bild_146-1978-070-05A,_Amin_al_Husseini_bei_bosnischen_SS-Freiwilligen)


[1] Dhimmitude (3) : le légiste Abou Yousof https://dhimmi.watch/2022/12/24/la-dhimmitude-3-le-legiste/. Les impôts payés par les dhimmis finançaient notamment la poursuite du jihad.

[2] La Bataille de Khaybar eut lieu en 628, Mohamed est mort en 632.

[3] Matthias Küntzel, 2023: ‘Nazis, Islamic Antisemitism and the Middle East: The 1948 Arab War against Israel and the Aftershocks of World War II’, Routledge 2023

annexe : document islam–judaism, DOI: 10.4324/9781003369110-8

[4] Voir MEMRI, No. 1184 – Egyptian Cleric Sheik Muhammad Sharaf Al-Din on a Children Show). Voir aussi les articles https://en.wikipedia.org/wiki/Zaynab_bint_Al-Harith et https://en.wikipedia.org/wiki/Sallam_ibn_Mishkam.

[5] Matthias Kuntzel, ouvrage cité, chapitre ‘in Muslim garb’

[6] Alexandre Feigenbaum : Il n’y a plus ni l’Allemagne, ni Hitler, mais Husseini reprend la lutte. Hérodote, 4/11/2023, https://www.herodote.net/club/_Il_n_y_a_plus_ni_l_Allemagne_ni_Hitler_mais_Husseini_reprend_la_lutte_-45.php

[7] Chantal Metzger : Amine el Husseini, Grand Mufti de Jérusalem, et le Troisième Reich, Les cahiers de la shoah, 9, 2007/1, consulté sur https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-shoah-2007-1-page-91.htm

[8] Pierre-André Taguieff : Fanatiques antijuifs sur la voie du jihad. Dans le sillage de Haj Amin al Husseini et de Johann von Leers, Les cahiers de la shoah, 205, 2016/2, consulté sur https://shs.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2016-2-page-475?lang=fr

[9] Yehudiya Masriya (Bat Ye’or), 1971 : Les Juifs en Égypte, Éditions de l’Avenir, Genève, accessible sur Dhimmi Watch : le réseau nazi du Caire (Bat Ye’or) https://dhimmi.watch/2023/07/15/le-reseau-nazi-du-caire-bat-yeor/

[10] Léon Poliakov : de Moscou à Beyrouth, la désinformation (1983), accessible sur phdn.org : https://phdn.org/antisem/antision/poliakov-de-moscou-a-beyrouth-1983.html#chap3. L’ouvrage « complot contre l’Église » a été republié en 2020 « après 30 ans d’attente »

[11] Hagar Hillel, Ruth Kimhi : La réaction des Juifs d’Égypte à la pénétration de l’influence nazie et fasciste,   Revue d’Histoire de la shoah, 205, 2016/2, consulté sur https://shs.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2016-2-page-127?lang=fr#re66no66

[12] Matthias Kuntzel, ouvrage cité, chapitre Aftershock of National Socialism

[13] Stratégies d’intimidation de l’islam radical : Amine Abdelmajide & Alexandre Feigenbaum https://dhimmi.watch/2024/11/17/strategies-dintimidation-de-lislam-radical-amine-abdelmajide-alexandre-feigenbaum-2/

[14] Bat Ye’or ; La colonisation oubliée : panorama de la dhimmitude, Tribune Juive, 29 mai 2023 ; https://www.tribunejuive.info/2023/05/29/bat-yeor-la-colonisation-oubliee-panorama-de-la-dhimmitude/ 

[15] Les trois sources de l’islamo-palestinisme jihadiste (Haj Amin al-Husseini, Hassan al-Banna, Sayyid Qutb) et le massacre du 7 octobre 2023, Revue Politique et Parlementaire, 11 avril 2024, https://www.revuepolitique.fr/les-trois-sources-de-lislamo-palestinisme-jihadiste-haj-amin-al-husseini-hassan-al-banna-sayyid-qutb-et-le-massacre-du-7-octobre-2024/


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