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Les écrits de Franz Kafka réunis dans une exposition à la Bibliothèque nationale

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Jessica Steinberg (Times of Israël)

La vaste exposition « Kafka : Métamorphose d’un auteur » présente les archives singulières de l’institution et marque les 100 ans de la mort de l’auteur tchèque

Il aura fallu une soixantaine d’années à la Bibliothèque nationale d’Israël pour exposer sa collection de lettres, livres, dessins et carnets de Franz Kafka, au terme d’un parcours kafkaïen qui rappelle l’univers romanesque et décoiffant de l’écrivain.

L’exposition « Kafka : Métamorphose d’un auteur », a ouvert le 1er décembre à la Bibliothèque nationale d’Israël, alors que le monde littéraire marque les 100 ans de la disparition de l’auteur tchèque. L’exposition se poursuivra jusqu’en juin 2025.

C’est la première fois que la bibliothèque nationale expose quelque 89 pièces originales de ses archives sur l’écrivain du XXe siècle. Elle fait partie des trois seules institutions au monde à détenir des pièces des archives personnelles et littéraires de Kafka.

« J’ai commencé à penser à cette exposition il y a six ans », a indiqué Stefan Litt, l’un des trois commissaires de l’exposition, ajoutant que l’ouverture de la bibliothèque avait été retardée en raison de la guerre en cours.

Le dévouement et le temps consacrés à la conception et à l’organisation de la collection sont évidents dans cette exposition variée et multidisciplinaire créée par Litt, Netta Assaf et Karine Shabtaï.

L’exposition présente des objets originaux et connexes qui éclairent la vie de Kafka, ses œuvres, ses relations et son rapport au judaïsme, au yiddish et au sionisme.

La première partie de l’exposition a été conçue comme un labyrinthe par Hadas Efrat, conceptrice de l’exposition et commissaire associée, avec plusieurs sections parallèles. L’une d’elles porte sur les débuts de la vie familiale de Kafka, une autre sur ses racines juives et sur la façon dont il a commencé à explorer son judaïsme et à apprendre l’hébreu alors qu’il n’avait qu’une vingtaine d’années.

On y trouve des versions agrandies de ses croquis et de ses œuvres d’art, dont certaines ont précédé ses écrits, ainsi que des pièces originales commandées à des artistes israéliens qui se sont inspirés de son style.

Une autre section est consacrée aux œuvres culturelles, y compris les représentations théâtrales, les animations et autres reconstitutions d’histoires de Kafka.

Au milieu de l’une des galeries, un château rend hommage au Château, le dernier roman de Kafka, avec d’autres manuscrits originaux et des lettres personnelles.

Son célèbre testament, dans lequel il demande que tous ses écrits soient brûlés après sa mort, ainsi que sa « Lettre à son père » de 100 pages, sont également exposés, de même que des exercices d’écriture en hébreu et des photos de Kafka avec sa famille et ses amis.

On y trouve également des récits sur les femmes de sa vie, Kafka s’étant fiancé plusieurs fois sans jamais se marier, ainsi qu’un passage évoquant son intention d’émigrer à Tel Aviv avec sa dernière compagne pour y ouvrir un restaurant.

Il s’agit d’un mélange de matériaux : les premières éditions de certaines de ses histoires, une nécrologie touchante écrite à son sujet, ainsi que des blagues sombres que lui et ses amis partageaient pendant la Première Guerre mondiale. On y trouve également des pages de conversation des derniers jours de Kafka, alors qu’il n’avait plus la force de parler.

« Elle est conçue pour permettre de comprendre Kafka à travers ses récits et sa vie », a souligné la conservatrice Assaf.

Dessin du Carnet noir de Franz Kafka, pour l’exposition de la Bibliothèque nationale « Kafka : Métamorphose d’un auteur », entre décembre 2024 et juin 2025. (Crédit : Autorisation)

La relation entre Kafka et la bibliothèque a commencé bien après sa mort, en 1924, à l’âge de 40 ans, des suites de la tuberculose. Son meilleur ami, Max Brod, exécuteur littéraire de Kafka, avait fait fi de la dernière volonté de l’écrivain de brûler ses œuvres non publiées et les avait au contraire faites publier.

Puis, en 1939, alors que les nazis occupaient Prague, Brod avait quitté la République tchèque par le dernier train avec une valise contenant les écrits de Kafka, avant d’embarquer sur un bateau à destination d’Israël.

Une fois arrivé en Palestine sous mandat britannique, Brod s’inquiéta de la présence des écrits de Kafka dans sa maison et les remit à l’éditeur juif allemand Shlomo Schocken, qui disposait d’un coffre-fort dans son sous-sol.

À la mort de Brod en 1969, ce trésor a été transmis à Esther Hoffe, une amie de Brod qui a également été sa secrétaire et probablement sa maîtresse. Hoffe a conservé la plupart des documents jusqu’à sa mort en 2007, bien qu’elle ait vendu un manuscrit original du Procès, adjugé 2 millions de dollars aux enchères en 1988.

Toutefois, le destin final de ces archives est resté ambigu. D’un côté, la Bibliothèque nationale d’Israël a affirmé que la collection de Kafka était destinée à être léguée à l’institution, tandis que, de l’autre, les filles de Hoffe ont prétendu qu’elle était destinée à être vendue.

En 2016, la Cour suprême d’Israël avait statué que les archives de Kafka constituaient un bien culturel devant être remis à la Bibliothèque nationale d’Israël. Trois ans plus tard, c’était chose faite.

Cette exposition a été retardée à plusieurs reprises, notamment en raison de l’ouverture, qui était prévue en octobre 2023, du nouveau bâtiment de la bibliothèque, chiffrée à 860 millions de shekels.

« L’exposition comprend environ la moitié du patrimoine de Kafka de la bibliothèque », a déclaré Litt, avec des étiquettes pour chaque document écrit en hébreu, en anglais et en arabe.

« Je me suis demandé qui était ce type », a déclaré Litt, qui a reconnu qu’il lui arrivait de trouver les œuvres de Kafka incompréhensibles.

« C’est justement l’idée de l’exposition. Vous pouvez repartir avec plus de questions qu’à votre arrivée, et Kafka n’y verra pas d’inconvénient.


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