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Au-delà de la solution à deux États : la lecture culturelle et stratégique du conflit israélo-palestinien

Société

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Georges Bensoussan – https://www.facebook.com/radioj.fr

Contexte et source
Ce texte est une synthèse analytique de l’intervention de Georges Bensoussan dans l’émission Le Grand Journal sur Radio J, diffusée en direct aux alentours du vendredi 3 octobre 2024 (fin de semaine), à Paris.
L’émission est disponible en replay sur la page officielle :
https://www.facebook.com/radioj.fr

Intention de cette synthèse
En tant qu’auditeur attentif, j’ai souhaité structurer et partager les idées majeures de cette intervention, d’une rare profondeur intellectuelle. Cette synthèse ne prétend pas reproduire l’intégralité de la pensée de Georges Bensoussan, mais en restituer les lignes de force de façon claire, rigoureuse et pédagogique. Toute interprétation m’incombe.

I. La solution à deux États : un cadre diplomatique ancien mais insuffisant
Georges Bensoussan commence par reconnaître qu’Emmanuel Macron s’inscrit dans la continuité de la diplomatie française en réaffirmant la solution à deux États. Cette position remonte aux années 1970 et même au plan Peel de 1937. À ce titre, la France est cohérente. Pourtant, Georges Bensoussan estime que cette fidélité masque une incompréhension plus profonde : la solution à deux États est devenue un réflexe diplomatique, une formule répétée sans analyse. Elle suppose que le conflit n’est qu’une question de frontières ou de souveraineté étatique. Or, selon lui, cette lecture est trop superficielle et ignore la profondeur historique, symbolique et culturelle du conflit. Ce n’est pas la solution en soi qui est fausse, mais l’illusion qu’elle peut fonctionner sans comprendre ce qui bloque réellement.

Georges Bensoussan insiste : la diplomatie occidentale se contente souvent d’un cadre abstrait, « parfait sur le papier », mais déconnecté du terrain. Elle repose sur l’idée que la paix résulte de la bonne volonté et de la négociation rationnelle. Pourtant, la réalité géopolitique n’est pas seulement une affaire d’accords écrits, mais d’imaginaires collectifs, de visions du monde et de rapports de force. En ce sens, répéter la solution à deux États sans interroger ses présupposés revient à traiter un symptôme sans diagnostiquer la cause. Pour Georges Bensoussan, le conflit ne se résoudra pas par des slogans diplomatiques, mais par la compréhension des structures profondes qui le sous-tendent.

II. Le facteur déterminant oublié : culture, religion et anthropologie
Le cœur de la thèse de Georges Bensoussan est que la dimension culturelle et religieuse du conflit a été largement ignorée, y compris par de nombreux responsables politiques occidentaux et même par une partie de la gauche israélienne. Ces derniers ont cru que la sécularisation occidentale s’imposerait partout, et que la rationalité suffirait à pacifier les relations. L’exemple des kiboutzim proches de Gaza, historiquement favorables au dialogue avec les Palestiniens, mais frappés de plein fouet le 7 octobre, est pour lui la preuve tragique de cet aveuglement.

Georges Bensoussan explique que le Hamas ne peut être compris uniquement comme un mouvement politique nationaliste. Il s’agit d’une organisation totalitaire, eschatologique et religieuse, animée par une vision du monde dans laquelle la lutte contre Israël est sacrée. Dans cette perspective, le conflit n’est pas un différend territorial, mais un affrontement métaphysique. De plus, souligne-t-il, dans une certaine lecture traditionnelle de l’islam, la souveraineté juive — et plus encore juive sur cette terre — est théologiquement inacceptable. Ce n’est pas un détail doctrinal : c’est un noyau dur qui structure les mentalités. Ignorer cette réalité, c’est parler une langue que l’autre ne comprend pas. Pour Georges Bensoussan, toute tentative de paix qui ne prend pas en compte cet horizon religieux est vouée à l’échec.

III. Les illusions occidentales : laïcité, nationalisme et faux équilibres
Selon Georges Bensoussan, l’Occident projette sur le Proche-Orient ses propres catégories politiques — laïcité, nationalisme, compromis — en supposant qu’elles sont universelles. Or, ces catégories sont le produit spécifique de l’histoire européenne. L’idée d’un « nationalisme laïque palestinien » est, selon lui, une fiction conceptuelle. Même les acteurs présentés comme séculiers raisonnent souvent dans un cadre religieux.

Pour le démontrer, Georges Bensoussan mobilise un exemple saisissant : Yasser Arafat. En 1993, Arafat signe les accords d’Oslo et reconnaît Israël. Mais quelques mois plus tard, à Johannesburg, il explique à un auditoire musulman que cet accord est une « trêve de Hudaybiyya », référence à une stratégie utilisée par Mahomet : feindre un accord pour gagner du temps avant de prendre l’avantage. Cette lecture religieuse de la politique montre que les mots « paix », « trêve » ou « reconnaissance » n’ont pas la même signification pour les deux camps. Georges Bensoussan en conclut que le plus grand malentendu du conflit réside dans le langage lui-même : l’Occident croit en des compromis rationnels, mais l’autre partie pense en termes théologico-historiques.

IV. Les scénarios politiques : impasses et alternatives réalistes
Georges Bensoussan évalue ensuite les options politiques évoquées depuis des décennies. L’État unique ? C’est selon lui une impasse mortelle : soit la majorité arabe l’emporte démographiquement et Israël cesse d’être juif, soit Israël maintient sa domination en devenant un régime d’apartheid, ce qui le condamne à l’isolement total. La solution classique à deux États semble plus équilibrée, mais Georges Bensoussan rappelle qu’elle se heurte à des réalités concrètes : il existe environ 600 000 Israéliens en Judée-Samarie. Les déraciner provoquerait une guerre civile. Inversement, il est impensable d’annexer les grandes villes palestiniennes sans faire exploser l’équilibre démographique.

Face à ces blocages, Georges Bensoussan propose une alternative fondée sur l’histoire : une confédération jordano-palestinienne. Entre 1920 et 1948, la Transjordanie faisait partie de la Palestine mandataire. Revenir à cette logique consisterait à annexer à Israël les grands blocs de colonies proches de sa frontière, et à confier les autres territoires à une entité palestino-jordanienne. La région à l’ouest du Jourdain serait démilitarisée. Cette option évite l’État unique, rend la séparation possible et tient compte des réalités démographiques et sécuritaires. Selon Georges Bensoussan, il est temps de rompre avec les slogans pour affronter le réel.

V. La démographie comme loi politique incontournable
Georges Bensoussan affirme que la démographie est l’un des moteurs profonds du conflit. Il cite Auguste Comte : « La démographie, c’est le destin. » À long terme, si les populations restent mêlées, les Arabes deviendront majoritaires entre le Jourdain et la mer. Israël devra alors choisir entre sa nature juive ou sa nature démocratique — un choix impossible. Cette réalité rend l’État unique inenvisageable. Elle impose la séparation des populations, non par idéologie, mais par nécessité de survie.

Georges Bensoussan déplore que les élites occidentales ignorent ce facteur parce qu’il contredit les discours moraux et universalistes. Or, la démographie est brute, arithmétique, intransigeante. Elle écrase les illusions. Les bonnes intentions diplomatiques ne peuvent rien contre la réalité biologique. En rappelant cette vérité simple mais décisive, Georges Bensoussan ramène la discussion sur un terrain concret : celui des faits. Il remet en cause un discours humanitaire qui, à force de vouloir le bien, refuse de voir ce qui est.

VI. France : entre calcul électoral, affaiblissement politique et ambiguïtés morales
Georges Bensoussan étend ensuite l’analyse à la France. Il souligne que les positionnements d’Emmanuel Macron sur Israël sont instables, parfois contradictoires. Il y voit une tentative de retrouver une stature internationale au moment où son autorité intérieure s’effondre. Cependant, chez d’autres acteurs politiques, l’ambiguïté est remplacée par un calcul clair. Georges Bensoussan rappelle que Jean-Luc Mélenchon fut longtemps philosioniste dans les années 1980 et même en 2012. Son basculement vers une hostilité radicale s’explique, selon Georges Bensoussan, par une stratégie électorale visant le vote arabo-musulman des banlieues.

Dans ce contexte, l’absence d’Emmanuel Macron à la marche contre l’antisémitisme est symboliquement lourde. Le pouvoir invoque des raisons de sécurité, mais Georges Bensoussan y voit un signal de faiblesse. Il affirme que, politiquement, c’est la fermeté qui crée le respect, et la faiblesse qui nourrit la violence. En cherchant à ménager certaines sensibilités, l’État français sape sa propre autorité morale. Lorsque la République ne se montre pas claire, elle encourage les démagogies. Selon Georges Bensoussan, la question du conflit au Proche-Orient est devenue en France un révélateur de rapports de force internes et de renoncements politiques.

VII. La rhétorique du « génocide » : histoire, idéologie et convergence des extrêmes
Georges Bensoussan consacre une analyse puissante au mot « génocide ». Il rappelle que cette accusation n’est pas récente : en 1947, avant même la guerre d’indépendance, le délégué syrien à l’ONU déclare que les Juifs « exterminent » les Arabes. Quelques années plus tard, l’extrême droite française, notamment Maurice Bardèche, reprend ce vocabulaire. Dans les années 1950, l’Union soviétique assimile sionisme et nazisme, créant un imaginaire qui sera repris par l’extrême gauche. Aujourd’hui encore, cette rhétorique circule dans les discours de LFI, mais aussi dans les médias d’extrême droite comme Rivarol. Georges Bensoussan note même la convergence paradoxale entre Jean-Luc Mélenchon et Alain Soral, preuve que l’antisionisme radical dépasse les clivages traditionnels.

Pour Georges Bensoussan, accuser Israël de génocide n’est pas seulement faux, c’est une arme rhétorique qui empêche toute analyse. Il cite Proust : « Les faits ne pénètrent pas dans l’univers des croyances. » Le mot génocide diabolise, neutralise la rationalité et justifie toutes les hostilités. Le plus grave, selon Georges Bensoussan, est que le président de la République a parfois repris un vocabulaire proche de cette rhétorique, donnant du crédit à une vision délirante. En légitimant ce langage, l’État alimente un climat de haine qui se retourne contre les Juifs de France. Le lexique n’est pas neutre : il produit des effets politiques, sociaux et moraux.

VIII. Fracture interne du judaïsme français : peuple vs notables
Georges Bensoussan met en lumière une fracture interne au judaïsme français : celle qui oppose la base communautaire aux élites. La « rue juive » se sent solidaire d’Israël, surtout face à la montée de l’antisémitisme. En revanche, une partie de la notabilité intellectuelle ou religieuse cherche à se distinguer d’Israël pour préserver sa respectabilité sociale. L’exemple le plus frappant est la tribune de Delphine Horvilleur, qui parle de « faillite morale d’Israël ». Georges Bensoussan souligne qu’il est légitime de critiquer un gouvernement ou une armée, mais inadmissible de condamner moralement tout un peuple qui lutte pour sa survie.

Dans un article publié en juin 2024 dans Causeur, Georges Bensoussan a dénoncé cette dérive. Il précise qu’il n’attaquait pas le droit de s’émouvoir des destructions à Gaza, mais l’usage d’une condamnation morale globale. Sa position lui a valu « une volée de bois vert » de la part de certaines élites juives, qui ont immédiatement défendu Horvilleur. Pour Georges Bensoussan, cela révèle une attitude récurrente : une partie de la bourgeoisie juive française veut avant tout « sauver son âme » et montrer sa vertu aux yeux de la société. Il y voit une forme de lâcheté sociale : on sacrifie la solidarité communautaire pour préserver son image.

Georges Bensoussan fait un parallèle historique saisissant : lors de l’affaire Dreyfus, les notables juifs se sont tus pour ne pas perdre leur position. Seuls quelques intellectuels comme Bernard Lazare ou les frères Reinach ont pris position pour la justice. L’histoire se répète : quand la pression extérieure augmente, certains préfèrent la distance morale à la solidarité. Pour Georges Bensoussan, cette fracture affaiblit la communauté au moment même où l’antisémitisme se renforce. Au-delà du judaïsme français, cette question renvoie à un problème plus large : le courage moral des élites face à la vérité.

IX. Conclusion : changer de grille de lecture pour comprendre et agir
L’intervention de Georges Bensoussan dépasse le cadre d’un simple débat sur la paix au Proche-Orient. Elle interroge les fondements mêmes de notre manière de penser le politique. Pour lui, on ne peut pas comprendre ce conflit si l’on se limite aux catégories diplomatiques et humanitaires occidentales. Il faut intégrer la profondeur religieuse, la mémoire historique, la démographie, les impératifs sécuritaires et les imaginaires collectifs. La solution à deux États peut rester une boussole, mais elle ne peut pas réussir sans lucidité sur les réalités culturelles et anthropologiques.

En France, Georges Bensoussan met en garde contre la faiblesse morale, la rhétorique accusatoire et les calculs électoraux. L’antisémitisme prospère là où l’État hésite. La paix, la justice et la vérité exigent de la fermeté et de la clarté. Georges Bensoussan nous oblige à regarder le réel en face, même lorsqu’il dérange. Il rappelle que la morale sans lucidité devient une illusion dangereuse. Nommer les choses, comprendre les mentalités, assumer le réel : c’est la condition d’une politique juste, au Proche-Orient comme en France. L’histoire, dit-il en substance, ne pardonne pas les illusions.

Mention de responsabilité
Cette synthèse est une relecture personnelle et analytique de l’intervention de Georges Bensoussan. Elle ne prétend pas reproduire l’intégralité de sa pensée, mais en restituer les idées essentielles. Toute interprétation ou erreur éventuelle relève de ma seule responsabilité.


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