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Viktor Frankl, 1905-1997, un Tsadik ? (Par Stanislas Budzynski et Virginie Bessis-Mermé)

Contributions

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Viktor FRANKL nait à Vienne le 26 mars 1905 dans une famille juive pratiquante.
Sa mère compte parmi ses ancêtres célèbres Rachi de Troyes et le grand Maharal de Prague. Son grand-oncle inspira l’un des personnages du célèbre roman Le Golem.
Est-ce cette ascendance qui explique le destin et l’oeuvre de FRANKL, son humanisme, sa foi en l’être humain et sa grandeur? Méconnu en France, qui est ce survivant de la Shoah , grand professeur de neurologie et de psychiatrie, neurochirurgien, philosophe et aussi grand alpiniste? Quelle oeuvre nous a t’il léguée ?
Dans ses écrits il raconte qu’il décida d’être médecin à 3 ans. A 4 ans il expliquait à sa mère ses théories pour expérimenter de nouveaux médicaments et aider les malades en fin de vie. A 4 ans aussi, il commença à s’interroger sur la mort. « Ce qui me troublait alors écrit-il, ce n’était pas la crainte de mourir… mais la question de savoir si le caractère éphémère de la vie pouvait réduire son sens au néant». La question primordiale du SENS DE LA VIE a marqué la vie et l’oeuvre de Viktor Frankl.
Après la guerre de 14-18, pendant laquelle, âgé d’une dizaine d’années, il dut mendier et voler pour se nourrir, le jeune Viktor fit des études brillantes. A 15 ans il était hypno-thérapeute. A 16 ans, dans le cadre d’un programme d’éducation pour adultes, il fit une conférence intitulée « le sens de la vie ». Très jeune, il correspondit régulièrement avec Freud. Les lettres et cartes postales qu’ils échangèrent pendant plusieurs années furent hélas saisies par la gestapo. Freud publia un de ses écrits dans le Journal International de Psychiatrie quand Frankl n’avait que 18 ans. Et lorsqu’il avait 20 ans, c’est Adler qui fit publier un article de lui dans le Journal international de la psychologie de l’individu.
Pourtant, Frankl s’éloigna de Freud et d’Adler et créa à 24 ans la Troisième école viennoise de psychothérapie. Pour lui, les thérapies de Freud (axée sur les pulsions et la libido) et d’Adler (axée sur la volonté de puissance) correspondaient à une conception réductionniste de l’humain.
Elles ne considéraient que le Soma et la Psyché de la personne, oubl iant une dimension essentielle qui le caractérise, la dimension de l’Esprit.
Pour FRANKL, les hommes sont des êtres responsables. Car il est dans la nature de l’homme de s’accomplir, d’écouter son « Dieu inconscient », cette voie en lui qui le pousse à l’autodépassement et à l’auto-transcendance. Il est dans sa nature de voir au-delà de lui-même.
Pour vivre, l’homme a besoin de trouver du sens à sa vie. Dans les camps dit-il, communistes et religieux avaient plus de chance de vivre car ils avaient un idéal. Les autres succombaient au désespoir.
Médecin, il affirme qu’il faut soigner les dimensions somatiques et psychiques de l’être. Thérapeute spirituel, il a conçu la Logothérapie, thérapie qui prend soin de l’âme et thérapie par le sens (logos en grec).

Peu connue en France mais utilisée partout dans le monde, la Logothérapie est la première thérapie qui a affirmé que l’être humain est concerné par d’autres motivations que la satisfaction de ses propres besoins ou désirs. La théorie du sens s’oppose au non-sens, au cynisme, au nihilisme et au réductionnisme. Elle aide un patient à trouver le sens de sa vie et le courage de réaliser sa tâche spécifique, celle que lui seul peut et doit accomplir dans ce monde. « Peu importe ce que l’on attend de la vie, dit Viktor Frankl, ce qui compte c’est ce que la vie attend de nous».
Pour passer de la théorie à la pratique, ce très jeune professeur de psychiatrie ouvrit des centres de consultation pour les jeunes à Vienne et dans 6 villes d’Autriche.
Succès remarquable : en un an, il éradiqua une vague importante de suicides d’adolescents.

FRANKL avait 33 ans quand les Nazis envahirent l’Autriche en 1938. Il ne fut alors autorisé qu’à soigner les patients de l’hôpital Juif. Là, il s’appliqua à contrecarrer le programme nazi d’extermination des malades mentaux en leur appliquant de faux diagnostics ou en les plaçant en maisons de retraite. A cette époque il épousa Tilly. A leur mariage tous deux portaient l’étoile jaune.
Viktor Frankl dédia plus tard un de ses livres à leur enfant dont Tilly dut avorter, les nazis interdisant la grossesse aux femmes Juives. Ayant obtenu un visa d’émigration pour les Etats-Unis, Viktor Frankl aurait pu fuir l’horreur. Mais il hésita : Pouvait-il abandonner ses parents âgés qui seraient déportés dans des camps de concentration ? Il demanda un signe du Ciel et le reçut : en rentrant chez lui, un petit morceau de marbre était posé sur la table. Son père lui expliqua qu’il l’avait trouvé dans les décombres d’une synagogue. Sur ce fragment était inscrit le se commandement : Tu honoreras ton père et ta mère … Viktor décida de rester à Vienne. Toute sa famille fut envoyée dans les camps, sa femme et lui aussi. A l’arrivée à la gare d’Auschwitz, Mengele faisait la sélection des déportés. Il envoya Frankl directement à la chambre à gaz. A cette occasion et à plusieurs autres ensuite, il échappa miraculeusement à la mort. Il a raconté l’expérience des camps, sa déshumanisation, son désespoir, puis ses raisons de vivre envers et contre tout: retrouver Tilly, écrire un livre et sauver ses compagnons de misère.

Il soigna les autres déportés, il abrégea la douloureuse agonie de son père. Et comme « médecin de l’âme» il organisa des groupes de Logothérapie pour redonner la force de vivre à ceux qu’il voyait abdiquer et en sauva beaucoup. Tilly, son père, sa mère, son oncle personnage du Golem perdirent la vie dans les camps. Après la guerre, il reprit ses fonctions dans un hôpital de Vienne et fut mondialement honoré et la Logothérapie fut partout enseignée.


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