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Un passionné explore les noms de famille des Juifs qui vivaient dans le monde arabe avant l’exode

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L’ex-ambassadeur israélien Jacob Rosen-Koenigsbuch est ashkénaze, mais ses listes méticuleuses de noms, de l’ancien Caire à Bagdad, lui ont valu le titre de « génie »
Par ASAF ELIA-SHALEV (Times of Israël)

Cette photo montre l’intérieur de la synagogue Meir Tweig de la capitale irakienne Bagdad, le 7 janvier 2022. (Crédit : Sabah ARAR / AFP)

Depuis qu’il est à la retraite, Jacob Rosen-Koenigsbuch s’est pris de passion pour les noms de famille. Et plus précisément les noms de famille des Juifs qui vivaient dans le monde arabe avant l’exode des mizrahim au milieu du 20e siècle, au moment de la création d’Israël.

Rosen-Koenigsbuch passe le plus clair de son temps la tête enfoncée dans les archives des anciennes communautés, à la recherche de noms. Dès qu’il estime avoir recueilli une masse critique de noms d’une ville donnée – il serait impossible de les retrouver tous – il établit un index.

Jusqu’à présent, il a indexé Le Caire, Alexandrie, Bagdad, Damas et Alep. Il a récemment publié son dernier index, Beyrouth, qui répertorie près de 800 noms de famille, d’Abadi à Zilkha.

« J’ai le temps. Et j’adore ça. Cela ne me dérange donc pas de passer cinq ou six heures à chercher un nom », explique-t-il.

Rosen-Koenigsbuch, qui est Ashkénaze comme l’indique son nom, comprends que son choix de passer sa retraite à travailler comme généalogiste spécialisé dans l’héritage d’autrui peut sembler saugrenu et aime bien plaisanter à ce sujet.

« Je noue des liens avec de nombreuses personnes qui voient mon travail par le biais des réseaux sociaux et c’est très amusant, mais vous vous rendez bien compte que quand un type qui s’appelle Rosen-Koenigsbuch pose des questions sur l’Égypte, ou sur Beyrouth, cela peut paraître un peu suspect », a-t-il ajouté en riant.

Son intérêt pour sa nouvelle passion trouve son origine dans sa carrière de diplomate représentant Israël, dont plusieurs années en tant qu’ambassadeur en Jordanie. Après avoir recherché ses propres racines polonaises, il s’est rendu compte que, bien qu’une grande partie de sa famille ait péri dans la Shoah, il avait au moins la possibilité de découvrir une partie de ses origines grâce à l’ouverture des archives en Europe. Les Juifs qui ont des racines au Moyen-Orient et qui s’intéressent à la généalogie n’ont en revanche accès qu’à des bribes de documents écrits, tels que les registres de circoncision et les journaux communautaires.

Hormis ce problème d’accès, il n’y a pas de démarcation géographique claire entre les différentes communautés juives, à savoir les Mizrahim, les Ashkénazes et les Séfarades. Rosen-Koenigsbuch a été surpris d’apprendre l’ampleur du brassage géographique bien avant que la diaspora juive ne se rassemble dans l’Israël d’aujourd’hui.

Jacob Rosen-Koenigsbuch est un ancien ambassadeur israélien en Jordanie et passe une grande partie de sa retraite à enquêter sur la généalogie juive du Moyen-Orient. (Crédit : JTA)

« J’ai découvert qu’au moins 20 % des Juifs du Caire et d’Alexandrie étaient Ashkénazes », raconte Rosen-Koenigsbuch. Il est ravi d’avoir réussi à dénicher le document « Rapport annuel de la communauté ashkénaze du Caire 1938 », car ce dernier « contient des centaines de noms ! »

Il cite un autre exemple, celui des Juifs de Bagdad. Selon les récits courants, la communauté était très importante, et représentait à un moment donné un tiers de la métropole, avec des racines remontant à l’antiquité, lorsque les Juifs ont été exilés de Terre Sainte et retenus en captivité par l’Empire babylonien. Si ce récit n’est pas totalement faux, les pestes successives du XVIIIe siècle ont anéanti une grande partie de la population de la ville et les familles juives de Bagdad sont essentiellement des greffes ultérieures.

« Les noms indiquent que les gens sont venus d’ailleurs », explique Rosen-Koenigsbuch, « Shirazi, Yazdi sont des noms de lieux persans, ou Kirkukli. Certains venaient de Géorgie. C’est pourquoi nous trouvons le prénom Gorgi. L’Irak faisait partie de l’Empire ottoman. Il y a donc également des familles originaires de Thessalonique ».

Tous les noms figurant dans l’un des index de Rosen-Koenigsbuch proviennent d’un document historique. Les chercheurs en généalogie disposent ainsi d’une trace écrite. Rosen-Koenigsbuch est par ailleurs heureux de fournir des informations supplémentaires ou de faire des corrections via son profil Facebook.

La synagogue Ben Ezra nouvellement restaurée au Caire, Égypte, 31 août 2023. (Crédit : Cabinet égyptien)

« Il y a une nouvelle génération de jeunes juifs à travers le monde qui cherchent à savoir d’où ils viennent », a-t-il expliqué. « Cet index consultable leur révèle que leur nom de famille existait aussi à Alep, Damas ou Beyrouth. »

Pour Sarina Roffé, experte en généalogie séfarade, Rosen-Koenigsbuch est rien moins qu’un « génie ».

« Jacob aime les listes et il est méticuleux à ce sujet. J’aime les données qui accompagnent les listes, les noms et les dates, et ce à quoi elles servent », a expliqué Roffé, fondatrice du Sephardic Heritage Project et ancienne membre du conseil d’administration de l’International Association of Jewish Genealogical Societies [Association internationale des sociétés généalogiques juives].

Le prochain projet de Rosen-Koenigsbuch est un index pour Bassorah. Ou peut-être Mossoul. Ou Port-Saïd.

« Ils méritent tous un index », a-t-il déclaré. « La tâche est infinie ».


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