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Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu. Vaet’Hanan

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Ce commentaire est extrait du livre de Michel Goldberg : Invitation à la Torah. Editions L’Harmattan. 2024. Vous trouverez une présentation de ce livre sur le site : https://sites.google.com/view/invitation-a-la-torah

«  (…) Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. »

Deutéronome 3, 23 – 7, 11.

Dans la Sidra Vaet’Hanan que nous lisons cette semaine, nous trouvons le premier paragraphe de la prière la plus connue du judaïsme, שמע ישראל(Shema Israël, Ecoute Israël), que nous récitons deux fois chaque jour, matin et soir. Relisons les deux premiers versets de cette prière, ainsi que leur traduction :

Deutéronome 6 :

Dt  6, 4 Écoute, Israël : l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un!

5 Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. 

La question que nous allons nous poser est la suivante : le verset nous dit « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu », mais qu’est-ce qu’aimer l’Eternel notre Dieu ?

Voici une réponse proposée par Harvey Fields (1990: 159-163), un enseignant et historien contemporain : « aimer Dieu veut dire ne pas faire de différence dans le comportement que nous adoptons dans les relations entre Juifs et dans celles avec les non-Juifs. Aimer Dieu nous invite à traiter chaque être humain avec respect et à agir envers tous de façon honnête, juste et bienveillante. Ceux qui, à travers leur comportement, montrent leur amour pour Dieu deviennent un exemple. C’est l’influence de Dieu dans leur vie qui en fait des témoins du pouvoir de Dieu ».

Nous découvrons ainsi une idée qui pourrait nous surprendre : aimer Dieu, cela s’exprime dans le lien qui nous unit aux êtres humains.

Voici le commentaire du rabbin Elie Munk (1998) au 20e siècle, qui abonde dans ce sens : « La connaissance de Dieu dans la pensée n’est pas essentielle mais ce que l’Ecriture nous demande, c’est la concrétisation dans les actes et la diffusion parmi les hommes ». 

Par contre, pour Maïmonide, un philosophe et décisionnaire du 12e siècle, aimer Dieu est un engagement principalement intellectuel. Pour lui, quand il est question d’aimer Dieu, cela nous impose à la fois l’étude et la contemplation critique. Maïmonide pense alors, non seulement à l’étude des commandements de la Torah mais aussi à l’étude des sciences, et parmi ces sciences, il inclut la philosophie. « L’amour de Dieu dépend du degré de connaissance, dit-il. C’est pourquoi nous devons nous consacrer à l’acquisition de la connaissance afin d’être informés dans les arts et dans les sciences grâce auxquels nous pouvons développer une juste connaissance au sujet de Dieu et de nos responsabilités morales ».

Et de fait Maïmonide était médecin et érudit à la fois dans les sciences de son temps et dans la philosophie.

Mais cette définition intellectuelle de l’amour de Dieu, proposée par Maïmonide, va susciter des oppositions parmi les rabbins, car selon eux, cet amour intellectuel ne serait pas accessible à tous les membres du peuple juif. Seuls quelques grands esprits sont capables de comprendre la pensée juive, les sciences de leur temps et la philosophie.

Et c’est pourquoi ces rabbins en reviennent à la première conception de l’amour de Dieu qui définit cet amour par les actes que l’homme accomplit à l’égard de son prochain. Ils voient la confirmation de leur définition dans le verset qui suit « Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu ». En effet le verset suivant nous dit :

Dt 6, 6 Ces devoirs que je t’impose aujourd’hui seront gravés dans ton cœur.

C’est donc à partir de nos actes, dictés par notre cœur, que nous trouvons la meilleure manière d’éprouver l’amour de Dieu.

Pour terminer, je me permets une conclusion personnelle : ce que les rabbins appellent l’amour de Dieu, c’est cette façon de nous comporter envers tout homme de façon juste et bienveillante. Cette façon d’être qu’ils nous invitent à adopter peut avoir un sens pour tous les hommes, qu’ils aient ou non une idée de l’Eternel. 

Cette façon d’être est donc accessible à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté. Elle est indépendante de toute conception religieuse.


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