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Racisme, antisémitisme et « islamophobie » : la trilogie infernale

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Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, au sortir d’une réunion avec le président Macron et d’autres représentants des cultes, avait dit qu’il serait bien allé à la manifestation contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre si… elle s’était appelée autrement. En somme, s’il ne s’était pas agi de l’antisémitisme. Il a ajouté qu’il aurait fallu appeler à manifester contre le racisme. Là, il aurait fait le déplacement. De son côté, Nathan Devers, sur CNews, déplorait dernièrement la parcellisation des luttes en privilégiant une lutte plus globale. Oui, mais laquelle ?

Critiquer le concept d’islamophobie, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes…

Le recteur de la Grande Mosquée, avec tout le respect que je dois à sa fonction, noie le poisson. Le judaïsme n’étant pas une race mais une religion, au même titre que l’islam d’ailleurs, le racisme invoqué n’a pas de sens. D’autre part, je comprends le peu de goût qu’éprouve Nathan Devers pour ce qu’on appelle aujourd’hui l’intersectionnalité et qui vous décompose les luttes contre toutes sortes de discriminations jusqu’au vertige (voir ci-dessous l’affiche trouvée dans la rue et qui m’a obligée à aller voir sur Google ce que pouvait signifier « validisme » ; une discrimination envers les invalides. Et dire que la manifestation contre l’antisémitisme a commencé là et qu’on aurait pu en profiter pour faire d’une pierre deux coups : contre l’antisémitisme et pour les invalides ! Ce qu’on est bête, alors!), je le comprends mais pas pour tout. Ainsi, la fameuse lutte contre « le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie » dont on nous rebat les oreilles, est une trilogie infernale.

C’est d’ailleurs de n’avoir pas voulu de cette association de mots qu’un professeur de Sciences-Po Grenoble s’était retrouvé « cloué au pilori ». Car cette association pose effectivement d’énormes problèmes. D’abord, on a le sentiment que les deux premiers mots que l’Histoire a prouvés servent d’appui, voire de caution au benjamin de la troupe : l’islamophobie. Des noirs sont morts d’être noirs dans certains pays du monde, des juifs sont morts d’être juifs en Europe mais aussi ailleurs. Mais les musulmans ? Depuis quand meurent-ils parce que musulmans dans nos contrées ?

Malaise, Blaise

Du coup, on éprouve nécessairement un malaise devant ce mot d’ « islamophobie » qui prétendrait, en quelque sorte, au même statut que les autres. On sent bien qu’on utilise historiquement les deux premiers pour donner une assise « historique » au dernier ; ce qui équivaut à une instrumentalisation profondément immorale des tragédies vécues par d’autres et à une torsion de l’Histoire.

Ensuite, ce slogan qui met tout dans le même sac, histoire que la confusion soit totale, interroge quant au racisme d’aujourd’hui. Notre époque a vu naître des personnes « racisées » qui détournent le sens ancien de ce terme pour asseoir un « nouveau racisme », un racisme revendiqué en quelque sorte. Car dès lors qu’on pense en termes de race, on devient nécessairement raciste. Alors, que peut signifier la lutte contre le racisme brandie par des gens s’inspirant de la notion de race pour se désigner et désigner les autres ?

Je me souviens, à ce propos, d’une élève d’origine congolaise me racontant comment elle avait été ostracisée durant toutes ses années de lycée car elle avait eu le malheur de s’intéresser au théâtre, à la philosophie, à la littérature ; bref, à la culture européenne et française. Des jeunes filles noires lui disaient « qu’elle trahissait sa race ». Donc, lutter contre le racisme avec ceux-là mêmes qui le réinventent devient un véritable casse-tête chinois…

J’en viens à présent à l’antisémitisme casé entre les deux autres et dont on a le sentiment qu’il a intérêt à se tenir tranquille et à sa place. Je ne peux me défaire d’une impression très gênante que ce mot est là pour faire bonne figure ; qu’on lui fait jouer un rôle. Parce que tout de même, l’antisémitisme d’aujourd’hui vient essentiellement de l’islamisme et des dits « racisés ». Lorsqu’une célèbre indigéniste se fend d’un ouvrage intitulé Les Blancs, les Juifs et nous, on est en droit de se demander comment on peut lutter contre l’antisémitisme avec des gens qui le pratiquent.

Enfin, l’islamophobie, née avec le siècle et qui profite de ce suffixe pour confondre toute critique légitime d’énoncés ou de comportements avec une phobie quelconque ; ce qui a pour but d’empêcher toute interrogation à son sujet en rabattant celle-ci sur les personnes ; les musulmans en l’occurrence, elle est précisément brandie pour interdire toute discussion démocratique au nom d’une mise en danger imaginaire.

Le monde à l’envers

Résumons-nous : je suis censée lutter contre le racisme avec des racisés nécessairement racistes puisque pensant en termes de races ; combattre l’antisémitisme avec des gens le pratiquant sans vergogne et enfin, mettre à mal une prétendue islamophobie avec des personnes confondant des questions parfaitement légitimes concernant une religion quelle qu’elle soit, et sa pratique dans un pays, avec un soi-disant rejet. Où l’on voit donc que cette association relève quasiment de l’association de malfaiteurs, qui vous embrouille les notions au nom des bons sentiments et de la posture vertueuse. Il y a des limites au principe de non-contradiction ; il y a donc des limites à une intersectionnalité qui se fiche du monde.


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