Mort de Paul Auster, le plus français des auteurs américains (Par Ilana Morioussef – Radio France)

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Le romancier vient de mourir à l’âge de 77 ans, des suites d’un cancer du poumon. Il était l’un des écrivains américains les plus connus en France, même s’il situait la plupart de ses oeuvres à New York.

Longtemps, il a été plus connu en France qu’aux États-Unis. Dans les années 70, le jeune Paul Auster, né dans une famille juive originaire d’Europe centrale, passe trois ans à Paris. Il traduit Mallarmé, Sartre, Simenon, envisage de passer le concours de l’IDEC pour devenir cinéaste, mais la littérature l’emporte. « L’invention de la solitude » le fait connaître, premier d’une série de romans marquants.

Écriture dépouillée, mais architecture narrative complexe, faite de digressions, d’histoires dans l’histoire, et toujours une préoccupation qu’il exposait au micro de François Busnel sur France Inter en 2013 : « Encore et encore, je veux demander : à quoi ça ressemble d’être vivant ? Je crois que c’est ma mission en tant qu’écrivain. Plus que toute autre chose. C’est si étrange d’être vivant… »

Paul Auster était « un homme tellement immense » et à la « pensée tellement intelligente et imagée », s’émeut ce mercredi sur France Inter l’une de ses amies Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture, dirigeante des éditions Actes Sud.

Une oeuvre massive et new-yorkaise

Parler de Paul Auster, c’est aussi parler de sa deuxième épouse, Siri Hustvedt, elle aussi écrivaine. À eux deux, ils ont longtemps incarné le glamour intellectuel new-yorkais. « Si j’ai une muse, c’est Siri, qui est le centre de ma vie, qui m’a sauvé la vie », racontait-il. « J’étais seul, divorcé, triste, sans grand espoir, quand je l’ai rencontrée par hasard. Sans elle, ma vie depuis ces 32 dernières années aurait été tout à fait différente. »

C’est elle qui ces derniers temps donnait de ses nouvelles sur Instagram, elle aussi qui l’a soutenu dans l’épreuve qui a assombri la fin de sa vie : la mort de son fils aîné par surdose en 2022.

Paul Auster laisse derrière lui une oeuvre massive : une vingtaine de romans, dont la fameuse « Trilogie new-yorkaise » (« Cité de Verre » en 1985, « Revenants » en 1988, « La Chambre dérobée » en 1988), mais aussi des essais, des nouvelles, des recueils de poésie et deux films (« Smoke » et « Brooklin Boogie », qu’il a scénarisés). Il était par ailleurs commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en France depuis 2007.


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