Les combattants juifs du « groupe Manouchian » (par Stéphane Courtois)
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Publié le 26 février 2024
Le 21 février 2024, 80 ans après son exécution par les nazis, Missak Manouchian, figure de résistance d’origine arménienne, va faire son entrée au Panthéon. Une occasion pour l’historien du communisme, Stéphane Courtois, de rappeler l’histoire des FTP-MOI. Il met l’accent sur le fait longtemps occulté par la propagande soviétique et celle du PCF, à savoir que des Juifs ont joué un rôle de premier plan dans cette organisation. Ils savaient que la Shoah était en cours, aussi menaient-ils un combat existentiel.
L’histoire des combattants juifs au sein des Francs-tireurs et partisans parisiens de la Main-d’oeuvre immigrée – les FTP-MOI – s’inscrit dans l’histoire du Parti communiste français durant la Deuxième Guerre mondiale. Dans un premier temps, le PCF, obéissant aux directives venues de Moscou dans le cadre de l’alliance entre Hitler et Staline amorcée le 23 août 1939, se mobilisa contre la Défense nationale, ce qui entraîna son interdiction par le gouvernement Daladier. Ordre fut donné aux Renseignements généraux de la Préfecture de police de réprimer les militants actifs. De juin à août 1940, la direction communiste engagea une négociation avec les Allemands, à Paris, pour obtenir la reparution légale de L’Humanité. À partir de septembre, ceux-ci autorisèrent la police à reprendre sa répression, tandis que la presse communiste clandestine attaquait le régime de Vichy, tout en ménageant l’occupant.