Le shofar (Par Fanny Levy)
Contributions
Publié le 25 août 2023
Le shofar est sonné les deux jours de Roch Hachana sauf si le premier jour tombe un chabbat. Il est sonné également tous les jours du mois d’Eloul au cours de l’office du matin et à Kippour. Le premier jour de l’an porte d’ailleurs deux noms dans la Torah :
- Zikhron teroua : souvenir de sonnerie (« Et l’Eternel parla à Moïse en ces termes : Parle aux enfants d’Israël en ces termes : Et le septième mois, le premier du mois, sera pour vous jour chômé, souvenir de sonnerie, appel de sainteté, vous ne ferez aucun travail … » Lévitique (Vayikra 23-24)
- Yom teroua : jour de sonnerie (« Au septième mois, le premier jour du mois, il y aura pour vous une convocation sainte, vous ne ferez aucune oeuvre servile. Ce sera pour vous un jour de sonnerie du Shofar. » Nombres (Pinhas 29-1)
Cet instrument à vent provient traditionnellement d’une corne de bélier 1 : il rappelle en effet le dévouement admirable dont ont fait preuve Abraham et Isaac, l’un en acceptant de sacrifier son fils, l’autre en se soumettant et en offrant sa vie à D-ieu. Celui-ci a arrêté son geste au dernier moment ; en remerciement, Abraham a élevé un autel pour y sacrifier un bélier.
Certains commentateurs optent pour la forme courbée du Shofar : porteur du pardon, il nous rappellera ainsi que nous devons incliner notre coeur vers l’Eternel. D’autres admettent le Shofar simple et droit. « Cri dénudé de tout artifice », il ne doit comporter ni dorure ni peinture.
On trouve trois types de sons :
- Téquia, qui est une sonnerie très longue
- Chévarim, qui est une série de 9 sons saccadés
- Téroua, aux sons brefs et saccadés
Il existe également une Téquia guedola, sonnerie majeure, longue et continue. A kippour, elle marque la fin du jeûne.
Les sonneries se succèdent pour obtenir une efficacité particulière : on atteint 100 sonneries, signe de la bénédiction totale.
Les deux termes Téquia et Téroua sont utilisés dans deux versets où il est question de sonneries : « Si la guerre se présente sur votre terre … vous sonnerez {Teroua) » (Nombres X, 9) « Dans vos jours de joie, de fêtes … vous sonnerez {Tequia) » (Nombres X, 10).
Le mot Téquia est donc utilisé pour exprimer la joie, et le mot Téroua pour l’inquiétude. Le Rav ‘Haïm Friedlander expliquait le mot Téroua comme provenant du mot hit’orerouth, le réveil, bien entendu à la Techouva.
Le son brisé de la Téroua est l’expression sonore et sincère de la plainte, des sanglots ou des soupirs de l’homme au coeur brisé qui prend conscience de sa fragilité alors que la sonnerie de la Téquia exprime la joie. Alternance de peines et de joies que nous retrouvons dans chaque existence. La nôtre aussi bien que celle des patriarches.
On retrouve, nous montre le Rabbin Gottlieb, cette alternance dans la Haftara du premier jour de Roch Hachana : ‘Hanna a le bonheur d’être aimée par son mari : Tequia. Mais elle est stérile : Teroua. Il a suffi qu’elle prie pour que D-ieu la console et la réconforte : Téquia qui suit Téroua.
De même, dans la Haftara du deuxième jour, c’est Sion qui se réjouit en voyant danser jeunes et vieux : Téquia, mais Rachel pleure ses enfants disparus : Teroua, jusqu’à ce que D-ieu lui annonce le retour de ses descendants dans leurs frontières : de nouveau Téquia qui suit la Téroua.
Les gémissements de Sarah provoqués par la Aquéda (la Ligature d’Isaac) sont comparés par le Midrach aux sons du Shofar. « La mort de Sarah, inattendue et fulgurante … agit comme la sonnerie stridente du Shofar qui réveille les consciences. »
L’optimisme du Judaïsme s’exprime dans la dernière sonnerie: Téquia guedola.
A Roch Hachana, avant de sonner le Shofar, le psaume 4,7 est récité sept fois pour rappeler les sept tours que firent les Juifs autour de Jéricho avant que les murailles ne tombent au son du Shofar et les sept cieux à travers lesquels les prières doivent passer pour atteindre le trône de D-ieu. Le verset 6 du psaume dit: « D-ieu est monté au milieu des cris, le Seigneur au son du Shofar. » Ensuite, six vers sont récités, qui forment l’acrostiche « kéra’Satan» (déchire Satan).
La bénédiction prononcée par le sonneur avant d’émettre le son du Shofar est la suivante : « Barouk hata Hachem, Eloqenou melekhh aolam acher qiddechanou bemitsvotav vétsivanou lichmoaqol Shofar. » : « Béni es-tu, Hachem notre D-ieu, roi du monde qui nous a sanctifiés par ses mitsvotes et nous a ordonné d’entendre la voix du Shofar. »