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La rafle du 31 janvier 1944.

Contributions

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C’est l’autorité militaire allemande d’occupation qui ordonne à l’administration française de Vichy d’opérer les rafles de Juifs sur le territoire.
En Charente-Maritime, le Préfet confie les opérations à la Gendarmerie nationale française qui arrête tous les Juifs de ce département dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944, précisément entre Minuit et 03H00 heures du matin. Au départ, il était prévu d’arrêter 127 puis 121 Juifs mais plusieurs ont quitté leur domicile clandestinement ou se trouvent à l’hôpital… Au total, ce sont 90 personnes qui sont arrêtées cette nuit-là puis transférées le même jour à l’école Paul Doumer à La Rochelle réquisitionnée comme camp d’internement provisoire par le Préfet. La plupart des Juifs arrêtés le 31 janvier 1944 sont ensuite déportés par le convoi n° 68 qui part de Drancy le 10 février et qui arrive à Auschwitz-Birkenau le 13 février 1944.

Dans le prolongement des hommages rendus à la mémoire de la libération des camps il va de soi que ce 75ème anniversaire revêt cette année un importance toute particulière. Pour les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, disparus sans sépulture, et auxquels le mémorial de la déportation des Juifs de France est parvenu à redonner noms et visages, essayons de leur conférer un surcroît de dignité en sus de leur dignité naturelle et inaliénable que l’entreprise hitlérienne avait tenté vainement de leur confisquer. Il nous suffit simplement d’être là pour donner à voir et à entendre, une humanité disparue dans les ténèbres de la Shoah et qu’un grand penseur eut l’audace de désigner comme une « éclipse de D.ieu ». Derrière la grande Histoire, des petites histoires par milliers : (lettre anonyme jetée du train)« J’aurais voulu vous embrasser encore une fois, mes pauvres chéris que je ne reverrai plus. Michel, ne vous séparez pas, ne vous laissez pas mettre à l’asile. Ecris à papa qu’il vous sauve, et à Paulette …demande conseil au fourreur en face. Peut-être dieu aura-t-il pitié de vous. Nous partons demain pour une destination inconnue. Je vous serre contre mon coeur en pleurant ». Bien que nos martyrs se comptent par millions, il n’y a d’hommage possible que dans l’empathie personnalisée qui déchire l’âme et actionne les spasmes du cœur : surtout gardons-nous d’appréhender les victimes d’un génocide comme une masse gigantesque et informe, efforçons- nous plutôt de penser à Michel, Paulette, Simone, et TOUS les autres, car l’entreprise de mémoire ne peut commencer qu’avec la restitution des bribes d’état civil.

Remercions les participants à cette cérémonie qui, aujourd’hui encore, surmontent la tentation de la lassitude pour redonner chair et vie, l’espace d’un moment, aux milliers d’âmes envolées dans un autre monde – forcément meilleur.
Rendons hommage à tous les Présidents de la République, qui depuis Jacques Chirac, ont reconnu le rôle de l’Etat français dans cette ignominie que furent les rafles, dont bien sûr celle du Vel d’Hiv.

Ayons une pensée pour les derniers témoins revenus in extremis de cet autre monde, de cet autre temps pour témoigner que cela a bel et bien existé, pour braver les négationnistes qui, par incapacité de penser l’impensable, font le choix puéril et criminel de le nier.

Enfin, comment ne pas évoquer la constance des antisémites, dont la plupart se dissimulent aujourd’hui derrière la façade pseudo idéologique d’un antisionisme primaire qui ne trompe personne, D’où l’on voit que certaines haines ancestrales sont insubmersibles et ne se dissolvent pas dans les progrès de la science, dans les conquêtes de la raison et de la démocratie, comme si elles étaient des constantes de l’humanité aussi immuables que les lois de la physique.

Certes le monde a changé, de nombreux peuples ont tiré certaines leçons de l’histoire, mais il semble que le feu de la haine anti-juive continue ici ou là de couver sous la braise, et ne demande qu’à s’enflammer à la première occasion…


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