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La diaspora juive portugaise (Par Stanislas Budzinsi)

Contributions

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Mars 2020. Premier confinement. Oisiveté.
L’historienne Franco-Israélienne Livia Parnes decide de s’occuper. Enquête, travail minutieux de recherche de documents écrits et visuels. Et voilà qu’avec les éditions Chandeigne, elle nous offre une magnifique exposition itinérante qui a déjà ému, interrogé et remué plus d’un visiteur, Juifs et non Juifs, qui se sont sincèrement questionnés avec beaucoup d’intérêt sur leur origine. « Je m’appelle Pereira, se peut-il que j’aie une origine juive ? »
Son titre : « La diaspora juive portugaise, XVe-XXIe siècle ». On découvre que cette diaspora, assez peu connue, a pourtant eu une influence internationale.
Cette histoire passionnante, Livia Parnes et les éditions Chandeigne nous l’enseignent en exposants 20 grands panneaux et 150 images d’archives, ainsi que des objets rares, le tout complété par des QR codes qui renvoient à des explications approfondies sur internet.
Tout d’abord, Livia Parnes explique les termes de nouveaux Chrétiens, cryptos Juifs, et marranes. Qu’est-ce que cela signifie? Quelles différences? Pourquoi? Tout commence en1497, date à laquelle TOUS les Juifs du Portugal sont convertis de force. Marranes est un terme insultant signifiant porcs. Parmi les nouveaux Chrétiens certains épousent sincèrement la foi Chrétienne. Ils seront néanmoins insultés et maltraités car fortement soupçonnés d’être des cryptas Juifs.
Les cryptas juifs, eux, pratiquaient effectivement leur Judaïsme dans la clandestinité tout en simulant une conduite très Chrétienne. Telle la très celèbre Donna Gracia Mendes. Ainsi, ils embrassaient par exemple au grand jour un crucifix placé à l’endroit prévu pour la mézouza, désormais interdite. Mais pour passer le seuil de leur maison en restant fidèles à leur tradition ils avaient confectionné la « mézouza de poche », objet plat que l’on peut découvrir dans cette riche exposition.
Après la conversion forcée de tous les Juifs, le roi du Portugal les laissa vivre relativement en paix pendant presque 40 ans. Mais en 1536, suite à un accord entre l’Espagne et le Portugal, marranes, nouveaux Chrétiens et cryptas juifs furent traqués par l’inquisition.
Leur exode à travers le monde, sur tous les continents commença alors. Afin d’illustrer ces voies de migration, Livia Parnes et les éditions Chandeigne ont fait faire une carte géographique très claire et parlante que l’on voit sur l’un des panneaux. Malgré cette dispersion planétaire, les Juifs Portugais conservèrent partout leur langue, leurs rites, leurs patronymes, et constituèrent une collectivité du nom de « La Nation ».
Partout, en Italie, à Amsterdam (Spinoza), à Anvers, Hambourg, Londres, Tunis, Fez, Constantinople, et aussi au Brésil, en Inde, aux Caraïbes, ils eurent une influence socio-économique, commerciale, financière et industrielle déterminante.
En France, les termes Portugais et Juifs étaient des synonymes.
Ils s’établirent entre autres lieux à La Rochelle, à Bayonne où ils apportèrent le chocolat, à Paris où ils
permirent le développement du premier chemin de fer.
En 1917, Samuel Shwartz, juif polonais découvrit des communautés marranes au Nord-est du Portugal.
Depuis, ces marranes sont revenus au judaïsme. Parmi eux, un cousin de Mercedès (mon épouse décédée) originaire de Belmonte.
Shwarz a recueilli les prières marranes. Voici celle que cinq siècles après leur conversion forcée, ils récitaient le matin en entrant à l’église: « À l’intérieur de cette maison, n’adorez ni Je bois ni la pierre, mais seulement Dieu qui règne partout. » Tout est dit !
Depuis 2015, tous les descendants des Juifs Portugais peuvent obtenir la nationalité portugaise.


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