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En Israël, des militants de pays musulmans dénoncent la menace de l’islam radical Par GIANLUCA PACCHIANI (Times of Israël) 

Contributions

theme_actu-en-avt_icn-like theme_actu-en-avt_icn-like Aimer l'article

Avant sa première visite en Israël en 2022, la famille d’Errachid Montassir au Maroc avait tenté de le dissuader de faire le voyage en lui prédisant qu’il serait « tué par les Israéliens ». 

Malgré ces prédictions inquiétantes, l’entrepreneur en écotourisme et militant climatique de 28 ans est rentré sain et sauf de son premier voyage. 

C’est dans le cadre d’une délégation de pays arabes et musulmans qu’il est revenu la semaine dernière pour promouvoir la tolérance au Moyen-Orient à travers l’enseignement de la Shoah. Cette visite fait suite au massacre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, au cours duquel le groupe a assassiné près de 1 200 personnes dans le sud d’Israël et en a enlevé 253 autres, qui ont été prises en otage dans la bande de Gaza. 

« Ce qui m’a le plus frappé, c’est la propagande et les fake news diffusées par les médias dans les pays musulmans, qui nous font croire que les Israéliens sont des assassins », a indiqué Montassir. « Nous avons visité un kibboutz [attaqué par le Hamas le 7 octobre] et rencontré des familles qui ont vu leurs enfants mourir sous leurs yeux. Cela m’a profondément choqué. » 

Ce voyage de cinq jours était organisé par Sharaka (mot arabe signifiant « partenariat »), une organisation à but non lucratif fondée à la suite de la signature des accords d’Abraham en 2020, qui favorise les contacts interpersonnels entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc. 

La délégation de Sharaka était composée de dix membres originaires de divers pays de la région, avec une forte prépondérance de Marocains (sept), mais aussi d’un journaliste pakistanais très en vue, d’une militante sociale engagée à la double nationalité iranienne et danoise et d’une éminente auteure canadienne ayant des racines en Égypte et à Gaza. 

Le programme intensif comprenait une visite à Yad Vashem, une rencontre avec un survivant de la Shoah, des conférences sur l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien, une visite des communautés frontalières de la bande de Gaza et le site où a eu lieu le massacre du festival de musique Supernova le 7 octobre. La visite comportait également une visite culinaire du marché Mahane Yehuda à Jérusalem, une visite des bureaux de Microsoft a Herzliya et plus encore. 

Dans le cadre du programme, les participants voyageront en Pologne à une date ultérieure pour se rendre au camp de concentration d’Auschwitz. 

Jeudi, dernier jour de leur voyage, le Times of Israel s’est entretenu avec plusieurs membres de la délégation qui ont expliqué ce qui les avait motivés à se rendre en Israël et quels stéréotypes avaient été brisés au cours de cette expérience. Certaines conversations ont été légèrement éditées pour plus de clarté. 

Yasmine Mohammed, membre de la délégation, est une éminente défenseuse des droits des femmes musulmanes originaire de Vancouver, au Canada. 

Yasmine Mohammed est née au Canada d’un père gazaoui et d’une mère égyptienne. Ses parents ont divorcé peu après sa naissance et elle a été élevée par sa mère, une femme autrefois laïque qui est devenue fondamentaliste après son divorce. Mohammed a été contrainte de porter un hijab dès l’âge de 9 ans. 

À l’âge de 19 ans, sa mère a épousé Essam Marzouk, un membre haut placé d’Al-Qaida qui avait obtenu le statut de réfugié au Canada. Dès les premiers jours de leur mariage, son mari a commencé à abuser d’elle physiquement. 

Après la naissance de sa première fille, Mohammed a réussi à s’échapper de son foyer, à se construire une nouvelle vie pour raconter son histoire au monde entier. Elle a quitté l’islam et dirige aujourd’hui « Free Hearts, Free Minds« , une ONG qui offre un soutien psychologique gratuit à ceux qui ont abandonné l’islam et se cachent. 

La visite de la délégation la semaine dernière était le premier voyage de Mohammed en Israël. L’activiste sociale a décrit la visite comme « émotionnellement épuisante », à la fois pour la partie consacrée à l’enseignement de la Shoah et pour les visites des sites du massacre du 7 octobre. Les larmes lui montent aux yeux quand elle raconte les rencontres avec les survivants du 7 octobre. 

Ayant personnellement vécu et dénoncé les dangers de l’islam radical, Mohammed espérait que les événements effroyables du 7 octobre serviraient de signal d’alarme, un rappel à cesser « d’infantiliser » et de « sous-estimer » les groupes terroristes islamistes et à être plus attentifs aux menaces qu’ils profèrent. 

Mohammed a indiqué qu’elle avait également essayé d’avertir ses amis israéliens libéraux de la menace du terrorisme islamiste avant le 7 octobre. « Pour connaître un groupe, il faut y appartenir », a-t-elle soupiré. 

« Parce que les juifs aiment profondément l’humanité et le progrès, ils ont tendance à penser que tout le monde est comme ça. Et cela me rend vraiment triste de devoir leur faire comprendre que ce n’est pas la réalité dans laquelle nous vivons », a ajouté Mohammed. « Mais le 7 octobre a fait éclater cette bulle. » 

En 2019, Mohammed a publié un livre prémonitoire intitulé Unveiled : How Western Liberals Empower Radical Islam. Elle a expliqué qu’elle recevait auparavant de nombreuses questions sur la signification du titre, mais qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas. 

« Ils ne me posent plus la question, car ils ont compris que l’Occident avait donné tellement de pouvoir [aux islamistes] que ceux-ci ne se gênent plus pour descendre dans la rue en criant ‘Allahu Akbar’ [cri de joie qui signifie « dieu est grand »] lorsqu’ils apprennent que l’Iran a lancé des drones », a-t-elle ajouté, faisant référence à l’attaque du 13 avril, au cours de laquelle Téhéran a lancé une batterie d’environ 300 drones et missiles d’attaque depuis son territoire en direction de l’État hébreu. 

« J’avais peur, j’étais en colère, je m’inquiétais, j’étais frustrée, j’étais furieuse que personne d’autre ne le voie. Chaque fois que j’ouvrais la bouche, les gens pensaient que j’étais une alarmiste », a-t-elle expliqué, en déplorant que les critiques de l’islam radical soient souvent réduits au silence sous des accusations d’islamophobie. 

« Aujourd’hui, la vérité a été révélée. Les gens commencent à écouter », a-t-elle ajouté. « Je ne sais pas combien de temps cela va durer, parce que les gens ne passent même pas une fraction de seconde à reconnaître que les Juifs ont été une fois de plus victimes, avant de passer immédiatement à autre chose ». 

Ahmed Qureish, 45 ans, est un journaliste et analyste pakistanais expérimenté qui a travaillé pour divers médias au Moyen-Orient. 

Ayant passé les premières années de sa vie au Koweït, il parle couramment l’arabe. À l’époque (fin des années 1970-début des années 1980), le Koweït avait accueilli des centaines de milliers de réfugiés palestiniens. C’est au Koweït qu’ont été créés les premiers camps d’entraînement pour les fedayins (commandos) palestiniens. 

Il se souvient que, lorsqu’il était enfant, ses camarades d’école palestiniens l’emmenaient voir les terrains d’entraînement, où les fedayins simulaient des enlèvements et des détournements. 

Aujourd’hui, Ahmed Qureishi est une personnalité des médias dans la capitale pakistanaise, Islamabad. Le Pakistan n’a pas de liens diplomatiques avec Israël, mais il affirme que le fait d’être un journaliste connu lui donne « une certaine notoriété » et que les gens écoutent ce qu’il a à dire sur Israël – même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec lui. 

Sa visite dans l’État juif avec la délégation de Sharaka était son troisième voyage dans le pays. Après l’une de ses précédentes visites, en 2022, et une rencontre avec le président Isaac Herzog à Jérusalem, le journaliste a perdu son emploi au sein de la chaîne nationale pakistanaise. 

Qureishi ne s’est toutefois pas laissé décourager et est revenu une fois de plus en Israël, motivé par son amour de l’histoire et son intérêt pour les racines abrahamiques communes aux Juifs et aux Musulmans. 

« Nous [les musulmans] devons comprendre Israël et son histoire, et ne pas le rejeter d’emblée », a-t-il affirmé. « Le Coran mentionne les Bani Israil [enfants d’Israël] et dit qu’Allah leur a donné cette terre. La première direction de prière de l’islam fut Jérusalem, non pas à cause d’Al-Aqsa, mais parce que c’était la direction de prière du peuple juif ». 

Pour Qureishi, les pays de la région ont également des raisons plus pragmatiques de nouer des relations avec l’État juif. « Israël est une réussite », ajoute-t-il. « Qui veut être ami avec des perdants ? » 

Qureishi participe depuis longtemps à la lutte contre l’islam radical. Il a travaillé dans la division des communications stratégiques contre l’extrémisme au sein de l’administration de Pervez Musharraf (2001-2008) et a contribué aux efforts américains d’ouverture vers le monde musulman après le 11 septembre. 

« La paix dans la région viendra de la réconciliation avec notre passé, qui inclut le peuple juif et Israël, ainsi que tous les autres peuples qui sont venus vivre sur cette terre », prédit-il. 

Qureishi a sévèrement condamné le Hamas pour sa brutalité et son insensibilité, propre, selon lui, à tous les mouvements djihadistes. 

« Le Hamas a utilisé des mosquées, des hôpitaux et des bâtiments civils. C’est exactement le même scénario que celui auquel l’armée pakistanaise et l’armée américaine ont été confrontées lorsqu’elles luttaient contre Al-Qaïda et les talibans au Pakistan et en Afghanistan », se souvient-il. « Dans certains cas, il a fallu faire sauter des mosquées et des écoles parce qu’elles étaient piégées et qu’Al-Qaïda y avait caché des armes. » 

Les pays de la région devraient ouvrir un front commun pour repousser le terrorisme islamiste, a affirmé Qureishi. 

« Si le Hamas bat Israël, c’est une mauvaise nouvelle pour le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie. Ce combat nous concerne tous », a-t-il ajouté. 

Depuis 14 ans, Faiçal Marjani dirige au Maroc une ONG appelée « Association Maroc Coexistence « , qui œuvre à la promotion du dialogue interreligieux et à la lutte contre la xénophobie et l’antisémitisme. 

Faiçal avait déjà visité Israël par le passé, mais jamais pendant une guerre. Il se souvient avec un mélange d’horreur et d’effroi de la nuit du 13 avril, lorsque des drones et des roquettes en provenance d’Iran et d’autres pays ont survolé l’hôtel de la délégation à Jérusalem. 

« C’était effrayant. J’ai vu la roquette depuis mon balcon, comme dans ‘Starwars’, et j’ai entendu un bruit épouvantable. Ensuite, nous avons tous couru vers l’abri », a-t-il déclaré. 

La réponse israélienne à l’attaque de choc l’a surpris, tant au niveau militaire que civil. 

« Vous avez une armée très puissante, qui défend les touristes et votre peuple, arabes, musulmans et juifs confondus », a indiqué Marjani. « J’ai senti que les gens se souciaient les uns des autres, qu’ils prenaient la peine de demander comment ils se sentaient, qu’ils se disaient de ne pas s’inquiéter. Il y avait une belle solidarité, un sentiment d’unité. » 

« Nous sommes venus participer à ce programme, surtout en ce moment, pour soutenir le peuple israélien et pour dire au monde entier que nous sommes contre le terrorisme », a-t-il ajouté. 

« Dans de nombreux pays arabes, il n’y a aujourd’hui ni sécurité ni stabilité à cause du radicalisme, du terrorisme et de la haine. Nous sommes contre toute organisation qui croit au meurtre d’une personne en raison de sa race ou de ses croyances. Nous sommes avec les Israéliens parce qu’ils ont le droit de se défendre. » 

Jaleh Tavakoli est blogueuse, auteure et militante. Née en Iran dans une famille de dissidents de la République islamique, elle est arrivée au Danemark à l’âge de neuf ans. 

Elle a fondé dans ce pays scandinave un réseau appelé Free Iran, dont elle est aujourd’hui la porte-parole. Elle est également membre de la Clarity Coalition, une organisation à but non lucratif de défense des droits de l’homme qui rassemble des musulmans, des ex-musulmans et des experts dans la lutte contre l’islam radical. (Yasmine Mohammed est par ailleurs l’une de ses cofondatrices). 

« L’objectif de la coalition est de sauver l’Occident des islamistes. C’est un gros travail, mais il faut bien que quelqu’un le fasse », a plaisanté Tavakoli. 

Dans un tweet récent, cette militante s’est décrite comme une « Iranienne sioniste et fière de l’être ». « Les islamistes ne cessent de dire qu’Israël est le problème, mais en réalité celui-ci n’est qu’un symbole qu’ils utilisent pour mobiliser le monde musulman », a-t-elle expliqué. 

Elle a éxpliqué qu’avant de partir pour Israël, elle pensait que le pays serait « plein de terroristes partout », mais qu’après quelques jours, elle s’est rendu compte qu’elle avait été grossièrement induite en erreur. « Je ne me suis jamais sentie aussi en sécurité. » 

Elle a ajouté qu’elle avait été « inspirée par le courage des Israéliens » et intriguée par l’histoire du pays et la diversité de la société israélienne. 

« Le pays est rempli de personnes si différentes qui pourtant s’unissent pour sauver leur liberté, leur démocratie, leur État. C’est pourquoi je suis convaincue que vous êtes l’espoir du monde libre », a ajouté Jaleh. 

« Au Danemark, je ne me sens pas en sécurité, vu mes convictions [de militante anti-radicaliste déclarée] », a-t-elle poursuivi. 

« L’une des raisons pour lesquelles les Européens sont si réticents à soutenir Israël aujourd’hui est qu’ils ont peur. Les gouvernements ont peur que s’ils se montrent trop pro-Israël, il y aura des attaques terroristes », a-t-elle ajouté. « Ce conflit est déjà à l’origine de frictions quotidiennes dans les rues. » 

Tavakoli a survécu à une attaque terroriste djihadiste lors d’une manifestation pour la liberté d’expression à Copenhague en 2015. Au cours de la fusillade, le terroriste a attaqué une synagogue et tué le gardien, un Danois juif. 

« Je suis tellement en colère contre les pays européens et les États-Unis parce qu’ils pensent que [le terrorisme] est lié à Israël. Ils font comme si de rien n’était et passent à autre chose. Mais ces gens [les islamistes] seront un problème permanent s’ils ne font pas face à la situation et ne disent pas : ‘Non, si vous vivez ici, vous devez soutenir la démocratie et la liberté’ ». 

Commentant la récente attaque de drones et de missiles menée par l’Iran contre Israël, Tavakoli a rappelé que « le régime iranien est la plus grande organisation terroriste au monde », ajoutant qu’à son avis, seule une intervention militaire extérieure peut renverser la République islamique, étant donné que la dissidence intérieure et les multiples vagues de protestation de ces dernières années ont été brutalement réprimées. 

La visite de Tavakoli en Israël lui a donné plusieurs occasions d’établir des parallèles entre les luttes des Iraniens et celles du peuple juif. 

« À Yad Vashem, nous avons appris comment le régime nazi fonctionnait. Les gens ne pouvaient pas protester, même en famille, parce qu’ils avaient peur. C’est comme le régime iranien. Aujourd’hui aussi, les gens ont peur de dire ce qu’ils ressentent », a-t-elle expliqué. 

Elle a confié s’être identifiée aux victimes de la rave Supernova lors de la commémoration de l’événement. 

« Le peuple iranien ne possède pas d’armes, tout comme les personnes qui ont participé au festival Nova. Lorsque j’étais là-bas, j’ai regardé les visages des victimes. Ils avaient le même visage que les Iraniens. Ils n’avaient rien pour se protéger. » 


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