Défense et illustration du Talmud (Par Serge Nouchi)

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Publié le 25 août 2023

« C’est le Talmud qui a fait Israël. C’est lui qui a permis au judaïsme de se maintenir, hors de son pays, sur toute la surface de la terre. Mais, en même temps, rien au cours des âges n’a été livré davantage à la calomnie, aux outrages, à tout ce que l’ignorance et la méchanceté ont pu inventer… » Début du chapitre de la loi orale de Ernest GUGENHEIM dans ‘Les Portes de la Loi’.

Le Talmud est un miracle et à la fois une énigme : comment peut-on mettre par écrit ce qui est par nature le pur verbe, oralité, ce qui ne peut se transmettre que de maître à élève de génération en génération ?

En effet il y a deux thoroth : la thora que l’on connait, écrite dans les 5 livres de Moïse, Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome et aussi la thora orale transmise aussi à Moïse au Mont Sinaï.

Dans le Judaïsme, c’est Moïse qui clôture le don divin de la loi, c’est ce que l’on appelle l’hétéronomie de la loi : la loi ne vient pas de l’homme qui par ses propres facultés, voire sa raison aurait trouvé ce qui convenait de savoir et de suivre comme conduite pour le bien de l’humanité.

Pour simplifier, Dieu aurait donné à Moïse la loi sous la forme d’une ordonnance, les 5 livres et aussi la posologie, sous forme de Thora orale.

A un moment de l’histoire du peuple juif, après -424 de l’ère commune, la destruction du Premier Temple, la déportation en Babylonie, les savants de ces générations ont eu peur de la rupture de la transmission et ont décidé de mettre par écrit la loi orale. Les deux foyers de la pensée juive, Jérusalem et Babylone, ont donné deux Talmud. Celui de Babylone, étant plus tardif, a vu sa conclusion autour de l’an 1000.

Le Talmud est composé de la Michna, l’application de la loi et de la Guemara, les diverses discussions des sages de l’époque. Le tout est complété par les notes de Rachi et de ses successeurs.

Le Résultat de toute cette énorme compilation d’explications, de discussions, d’anecdotes est par exemple pour le Talmud de Babylone 37 volumes rangé en 6 Ordres: Zeraïm (semences), Moèd (saisons), Nachim (les femmes), Nézikin (infractions), Kodachim (choses saintes), Téharoth (Choses pures). Chaque ordre est lui-même composé de plusieurs traités. Chaque traité est luimême divisé en chapitres. Il y aurait 523 chapitres .Une citation se fait en citant, traité, chapitre et paragraphe : (exemple Ber., 3,2 pour Berakhoth, chapitre 3, paragraphe 2).

On peut dire aujourd’hui après toutes les destructions, déportations, pogroms et génocides que le peuple juif a subis, c’est grâce à cette capacité d’exégèse, voire d’adaptation que confère l’étude du Talmud que le peuple juif s’est maintenu en vie.

Dans les yechivoth, l’étude se fait en couple de deux élèves (Haverouth). Sinon pratiquement il est très difficile voire impossible de travailler seul, même s’il existe maintenant d’excellentes traductions et de nombreux livres d’introduction au Talmud. Plus jeune, j’ai personnellement bénéficié de cours par le rabbin de la communauté. C’était à Nantes et le rabbin était le rabbin Meïr AZOULAY qui réunissait un soir de la semaine les étudiants et d’autres personnes intéressées. Il nous fournissait des photocopies sur lesquels nous suivions le texte, sa traduction et ses explications. Maintenant, il existe des cours qui se font en visioconférence.

Pour moi, l’intérêt de cette étude, indépendamment de la compréhension de la Halakha (la loi), qui par ailleurs est très bien documenté par le Choulhan Arouh de Rabbi Yossef Kara (1488-1575) dont nous a parlé l’année dernière, Daniel ZMIROU dans le bulletin de la MCI 2020-2021, cet intérêt donc est le cheminement de la pensée nécessaire pour une exégèse actuelle de la Thora, car la Thora est une Thora de vie, elle nous concerne aujourd’hui et doit nous éclairer jusqu’à la venue du Machiah, pour une rédemption complète, et la -paix universelle. Amen.