De Faurisson à Rima Hassan
Contributions
Publié le 22 octobre 2024
par Daniel Saada (LPH Info)
Nous sommes témoins depuis les évènements du 7 octobre d’un phénomène assez impressionnant mais aussi choquant qui est le lien entre les thèses négationnistes et celles qui aujourd’hui accusent Israël de génocide. Un lien que l’on pourrait traduire en raccourci par la formule: “Faurisson-Rima Hassan = même combat”.
En quoi a consisté le négationnisme de la Shoa ?
D’abord, c’est la seule destruction massive d’un peuple, le seul holocauste de l’histoire à subir sa négation par un tiers, c’est-à-dire par un élément qui n’en est pas responsable. Les Turcs jusqu’à aujourd’hui refusent de reconnaitre leur responsabilité dans le génocide arménien et tentent donc d’en réduire la dimension jusqu’à en nier l’existence même. Pour la Shoa, c’est différent puisque ceux qui ont développé les théories négationnistes n’étaient pas allemands et ne portaient pas la responsabilité des crimes. Il s’agissait donc d’autre chose: réfuter les crimes nazis, contester l’existence des chambres à gaz, ergoter sur la capacité effective des fours crématoires, temporiser sur la volonté exterminatrice du programme nazi – bref tout cela n’avait qu’un seul objectif : semer le doute, ouvrir le débat et par là-même remettre en cause à la fois la dimension de la Shoa et son existence même.
Dans les années 80, alors que les acteurs et les témoins, les bourreaux et les victimes étaient encore présents, les négationnistes voulaient retirer au peuple juif l’essence profonde de son identité qu’il s’était forgé après la guerre. Si la Shoa n’a pas existé, les Juifs n’en ont donc pas été les victimes, les bourreaux sont donc innocents. Mais allons plus loin encore, car c’est là le véritable dessein des négationnistes : si les Juifs ne sont pas des victimes ils sont donc haïssables au sens littéral du terme. Ils peuvent être haïs. L’antisémitisme que l’on pensait enseveli sous les cendres d’Auschwitz et de Treblinka peut donc renaitre car il n’y avait pas de cendres ni à Auschwitz ni à Treblinka!
Mais quel rapport avec l’accusation de génocide des Palestiniens ? En fait, c’est exactement le même mécanisme, le même objectif. Réfuter à Israël, l’Etat du peuple juif sa condition de victime. Réduire le 7 octobre autant que possible à un simple épisode de la lutte légitime des Palestiniens contre l’Etat colonialiste israélien. Hier Le Pen tentait de réduire la Shoa à un point de détail de la seconde guerre mondiale, aujourd’hui Mathilde Panot considère le 7 octobre comme une simple action de résistance de la branche armée du Hamas. Vous commencez à y voir clair ?
Hier Faurisson tentait de prouver que seuls des poux ont été gazés à Auschwitz aujourd’hui Rima Hassan nous explique avec le même aplomb que toutes les victimes palestiniennes ou libanaises sont des civils innocents exterminés par la rage génocidaire des Israéliens.
Les négationnistes accusaient les Juifs d’avoir inventé le génocide pour justifier la cause sioniste.
Pour détruire la cause sioniste, les nouveaux négationnistes inventent un génocide.
Si Israël n’est pas victime, si le 7 octobre n’a pas existé, si sa barbarie n’a pas eu lieu, si des femmes enceintes n’ont pas été éventrées, des enfants décapités, des vieillards brûlés vifs sur leurs chaises roulantes alors l’offensive israélienne est bel et bien une agression gratuite et sans légitimité, l’accusation de génocide est donc possible.
Si l’Iran et ses alliés yéménites ou irakiens n’ont pas bombardé Israël et n’appelle pas depuis plus de 40 ans à sa disparition, alors Israël est en effet la source de l’escalade au Proche-Orient.
Comme hier Faurisson et ses acolytes s’appuyaient sur des pseudos données scientifiques pour prouver la négation du génocide des Juifs, aujourd’hui Rima Hassan et ses complices justifient leurs accusations en se basant sur de prétendues violations du droit international.
Regardons, en conclusion, un extrait des écrits de Faurisson, je crois que c’est saisissant d’actualité :
“La majorité des juifs qui sont supposés avoir été tués par les Allemands étaient des éléments subversifs, des partisans, des espions et des criminels et aussi, souvent, des victimes de représailles malheureuses, mais conformes au droit international…”.
Tout est dit, me semble-t-il.
Daniel Saada était ambassadeur d’Israël en France