Après le 7 octobre, le monde menacé par « le syndrome du Hamas »
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Publié le 26 août 2024
Le FBI dit redouter que les massacres du 7 octobre ne constituent une source d’inspiration pour d’autre actes de sauvagerie
Raphaël Jerusalmy ■ Ancien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d' »Evacuation » chez Acte Sud
Depuis le massacre du 7 octobre, le monde a basculé dans la haine et la violence de façon soudaine, brutale, inquiétante. Les atrocités commises par le Hamas ont constitué un déclencheur. Elles ont catalysé les frustrations, les culpabilités, les fondamentalismes de tout poil, qu’ils soient de gauche, de droite ou wokistes.
En début de cette semaine, Christopher Wray, le patron du FBI, a déclaré être confronté à un ensemble de menaces sécuritaires comme il n’en avait jamais connu durant sa carrière. Il redoute fort que le 7 octobre constitue une source d’inspiration pour d’autre actes de sauvagerie.
Cette dérive vers la barbarie s’explique par les trois sortes de comportement à l’égard des crimes du Hamas. Le premier est de ne pas les condamner. Suivi du second qui est de les légitimer. Quand il ne s’agit pas, en troisième lieu, de les applaudir. Il n’est pas répréhensible de violer des femmes, brûler vif des enfants, démembrer des personnes, si le motif en est de « chasser l’occupant sioniste ». Le Hamas, mouvement intégriste voué au djihad et à l’instauration de la Sharia sur le monde, est perçu comme un groupe de résistance et de libération. Porter les insignes de cette faction qui sème la terreur est devenu signe, très en vogue, de progressisme et de bonté. Le keffieh a remplacé l’auréole des saints chrétiens. Même les homosexuels soutiennent le Hamas alors qu’ils sont torturés à Gaza. Et vivent librement leur vie à Tel-Aviv. Oui, c’est bien le monde à l’envers !
Un monde de la fausse morale, avec de nouveaux bigots et tartufes venus sauver nos âmes et la planète alors qu’ils sont impuissants à se replâtrer eux-mêmes. Mais comment en est-on arrivé là ? Quels sont aujourd’hui les principaux vecteurs de la haine ? Les réseaux sociaux, en premier lieu. TikTok répand le mensonge, malaxe les esprits, inculque des valeurs négatives à la jeunesse. Les gens ne pensent plus par eux-mêmes. Ils gobent sans discuter ce qu’influenceurs et autres vedettes de la toile leur servent sur un plateau.
Les seconds coupables sont les gouvernements, avec la Chine en tête, à qui le chaos profite. La désorientation des masses rend celles-ci faciles à manipuler. L’Onu, dominée par des Etats en majorité non libéraux, ne demeure pas en reste de ce commerce de la haine. Cela va de son secrétaire général jusqu’aux employés de l’UNWRA.
Puis viennent les hordes de personnes se croyant habilitées à sonner le tocsin du prochain pogrom ou boycott, juste du fait qu’elles jouissent d’un statut social privilégié : vedettes du cinéma et de la scène, écrivains et artistes dont la profession ne leur confère pas plus d’expertise ni de stature morale que celles d’une petite frappe des cités. Avec l’excuse de l’ignorance en moins. Ignorance qui est aujourd’hui le symptôme le plus grave dont souffre nos sociétés.
Le détournement du langage est un autre signe de décadence culturelle. Les mots n’ont plus de sens : génocide, apartheid, colonisation, sont lancés sans que nul ne se soucie de leur définition. Les gens ne savent pas de quoi ils parlent. Enfin, il y a le phénomène de « l’importation du conflit » qui permet aux politiciens et activistes de braquer les projecteurs sur un autre coupable qu’eux, et donc de détourner le mécontentement général vers une cible qui n’a jamais déçu dans sa fonction de bouc émissaire : le peuple juif.
En fait, avec le 7 octobre, le mal-être de la civilisation actuelle s’est trouvé un exutoire. Dans un livre visionnaire Malaise dans la Civilisation, écrit en 1929, Freud parle de l’agressivité que cause ce mal-être. Et du phénomène de report de la culpabilité sur l’autre. Son inquiétude sera confirmée par la montée du nazisme.
Lors d’une commission menée en novembre 2023 par la grande revue médicale The Lancet, soit un mois après le massacre du 7 octobre, des experts venus du monde entier concluent que les exactions du Hamas présentent une similarité flagrante avec celles des nazis. A commencer par le mépris total de la vie humaine, qu’il s’agisse des victimes palestiniennes de l’opposition au Hamas, des Israéliens ou encore des Gazaouis servant de bouclier humain aux terroristes armés. La commission recommande une vigilance accrue des professionnels de la santé par rapport aux manifestations de haine et de violence, une meilleure préparation à soigner et assister les victimes, tant physiquement que moralement, ainsi que l’accès à une information fiable.
Quant au patron du FBI, cité au début de cet article, il rappelle la nécessité d’obtenir une image d’ensemble de ce phénomène issu du massacre du 7 octobre, et préconise des partenariats au niveau international afin d’empêcher que le syndrome du Hamas ne se répande au monde entier. La tentative d’attentat contre la synagogue de la Grande-Motte, en France, confirme encore ses craintes. Le 7 octobre 2023, quelque chose s’est brisé dans nos sociétés, dans notre culture. Les digues de la haine ont été rompues. Il est encore temps de les colmater.