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ALFRED NAKACHE, le « nageur d’Auschwitz » au destin extraordinaire (Par William ARFI)

Contributions

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Alfred Nakache est né à Constantine le 18 novembre 1915 dans une famille juive de 11 enfants. Enfant il avait une « trouille » bleue de l’eau. C’est son père qui le pousse à « la baille » et en fait une graine de champion aux qualités rares et cela paye !
Dès 1931, il devient le champion d Afrique du Nord, deux ans plus tard il débarque à Paris et termine second aux Championnats de France.
Aux jeux Olympiques d’été de 1936, à Berlin, dans un contexte particulier pour cet athlète juif, sous les yeux d’Hitler et de Goebbels, il termine 4ème au relais 4 fois 100 m. On devine la rage du Führer et de son mentor de la propagande.
Après ces jeux olympiques, Nakache décroche 5 titres de champion de France et un record du monde au 200m. Il est même choisi pour la levée des couleurs par le commissaire aux sports de Vichy.
En 1938, il quitte son club parisien suite à des injures antisémites répétées et en 1939, il intègre l’école normale d’Education Physique.
En 1940, Pétain abroge le décret Crémieux qui depuis 1870 avait offert aux juifs d’Algérie la nationalité française. Dés lors Alfred Nakache n’est plus Français! Il est insulté de « youpin » par la presse collaborationniste et est interdit de bassin.
En 1942, Il se réfugie à Toulouse, il se rapproche des réseaux de résistants juifs et les aide à la préparation physique. Suite à une dénonciation et pourchassé par la gestapo, il est arrêté en novembre 1943 avec sa femme Paule et sa fille Annie, de 2 ans.
Après un passage à Drancy, ils sont déportés tous les trois à Auschwitz, convoi N°66 du 20 janvier 1944. Sur le quai, le 23 janvier à Auschwitz, il est séparé de sa femme et de sa fille. Un officier SS, lui aussi nageur, a reconnu Alfred Nakache : « DU BIST EIN SCHWIMMER ! (Tu es un nageur!) » Il lui sauve la vie. Il est affecté à I infirmerie du camp ; de là, il réussit à détourner des aliments pour les malades. Aidé par sa constitution physique exceptionnelle, il résiste aux mauvais traitements et à l’humiliation.
Ses gardiens lui imposent à plonger dans un réservoir d’eau profond et de récupérer avec ses dents, un poignard qu’ils jettent au fond du réservoir. Il défie ses bourreaux grâce à sa résistance physique et psychique. Il faut s’imaginer ce corps décharné de 45 kg , contraint à de tels efforts, mais il se refuse à manger des immondices malgré la faim.
En 1945, le camp est évacué dans le cadre des marches de la mort, sous la menace de l’avancée de l’armée rouge. Il arrive au camp de Tréblinka puis est libéré le 28 avril 1945 par l’armée américaine.
A son retour de déportation, il témoigne « je sors de la tombe, il faut avoir vécu dans ses camps pour s’imaginer l’horreur». Il vivra ensuite avec ses « fantômes ». Sa femme et sa fille ne reviendront jamais des camps.
En 1948, comme un défi, il est qualifié pour les jeux olympiques de Londres. Il n’empoche pas de médailles mais participe à la compétition, en mémoire de sa fille, de sa femme et de tous les déportés. La même année, il s’unit à Marie, une jeune Sétoise.
A un couple de jeunes allemands tombés en panne et ahuris en apercevant son matricule il leur dit « je ne vous en veux pas, vous êtes jeunes et pas responsables … ce qui compte c’est le pardon et réconciliation».
Le 4 aout 1983, à la suite d’un malaise, alors qu’il nageait dans le port de Cerbère, effectuant son km quotidien, il succombe. Il est inhumé au cimetière « Le PY » à Sète. Sur sa tombe, sont gravés les noms de sa fille et de sa première épouse.
De nombreux bassins en France, portent son nom: à Toulouse, à Montpellier, à Nancy ….
En double hommage au Champion et au déporté, à titre posthume, l’Etat d’Israël, lui décerne en1993 « Le Trophée du Grand Exemple».
Le chanteur et comédien Amir Haddad a fait revivre sur scène le nageur d’Auschwitz en Israël, à Toulouse pour la commémoration des attentats de 2012 et en mars 2022 au Théâtre Edouard VII à Paris, sous la direction de Steve Suissa. Il déclare « Alfred Nakache était un homme extraordinaire, son histoire est grande et mérite d’être racontée, partagée, transmise. Elle se doit de nous inspirer, de nous mettre en colère, de nous attendrir, de nous souder, de nous renforcer … ».


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