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Contre le maccarthysme MeToo. Fanny Ardant: «Pour l’honneur de Roman Polanski»

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Jeremy Stubbs (Causeur)

Présentant notre dossier, Élisabeth Lévy se réjouit que Roman Polanski ait gagné son procès contre une ex-comédienne qui l’accusait de diffamation, mais nous rappelle que la Justice ne fait pas taire la meute MeToo. Au Festival de Cannes la grande famille du cinéma, terrorisée, se prosterne devant une poignée de fanatiques. Fanny Ardant a le rare courage de dénoncer ce nouveau maccarthysme qui, comme le premier, réduit au silence et au chômage de grands artistes. L’actrice, se confiant à Sabine Prokhoris, est formelle : «Je n’ai jamais voulu être une victime». À l’affiche du nouveau film de Roman Polanski (The Palace), elle sort de son habituelle réserve pour défendre le réalisateur qu’elle aime et admire.

Le magazine Causeur est disponible à la vente maintenant sur la boutique en ligne et mercredi 5 juin en kiosques.

Élisabeth Lévy a interrogé Delphine Meillet, l’avocate de Roman Polanski, qui considère que le jugement en sa faveur est une décision majeure à l’heure de la révolution Metoo : un homme accusé publiquement a le droit d’exprimer publiquement sa vérité. Il est peu probable, cependant, que ce jugement calmera les meutes qui, comme l’a reconnu le tribunal, poursuivent le cinéaste de leur «vindicte». Commentant le dernier festival de Cannes, Sabine Prokhoris y voit plus que jamais le festival de ces actrices qui, s’affichant en robes longues et décolletées, se proclament « oppressées » et donnent libre cours à leurs envies d’épuration, de purge et de castration. En revanche, leur cible préférée, Roman Polanski, reste l’auteur d’une œuvre universelle parce qu’elle est portée par le sens du tragique : le réalisateur mondialement célébré est resté un gamin de Cracovie. Jean-Baptiste Roques a lu le livre de l’actrice-réalisatrice Isild Le Besco, Dire vrai. Ce récit qui dévoile les humiliations et violences qu’elle a subies met davantage en cause la dérive tyrannique de certaines réalisatrices que les méfaits du patriarcat.

Dans son édito du mois, notre directrice de la rédaction analyse la polémique autour de l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascón, qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes et que Marion Maréchal a qualifiée d’« homme ». Pour Élisabeth Lévy, ce propos n’est pas une injure, comme le prétendent les associations qui poursuivent en justice la tête de liste de Reconquête ! Car «le scepticisme est un droit. Quel est le poids de la génétique ? Jusqu’à quel point peut-on changer ce qu’on est ? Tout cela devrait être matière à débat et controverses, pas à un festival d’interdits».

Causeur se penche sur une des tendances les plus troublantes de l’actualité : la montée de l’antisémitisme en France – et ailleurs – depuis les atrocités du 7 octobre. Aujourd’hui, les leçons de l’histoire semblent bien oubliées. Comme le constate Elisabeth Lévy, «On dirait que les digues illusoires qu’on a cru ériger en psalmodiant « plus jamais ça » ont cédé». Se confiant à Gil Mihaely, l’historien Georges Bensoussan souligne les rôles de l’islamisation d’une jeune génération issue d’une immigration maghrébine ancienne et de l’immigration massive en provenance du monde arabo-musulman. Les deux alimentent un antisémitisme «français» inédit associant les juifs à la domination des Blancs, et donc au colonialisme. Céline Pina a rassemblé des témoignages sur la situation à l’université. Dans de nombreux établissements, l’antisémitisme d’atmosphère s’est mué en soutien au Hamas et les références au nazisme se sont banalisées, dans l’indifférence complice de l’administration. Olivier Douman analyse la convergence des luttes entre les mouvements antifas et propalestiniens.

Pour l’outre-mer, Driss Ghali évalue la situation en Nouvelle-Calédonie où, par faiblesse et lâcheté, la République cède sur tous les plans. Enfin, dans le domaine économique, l’entrepreneur et essayiste Charles Gave, qui est aussi actionnaire de Causeur, plaide pour l’abolition des banques centrales qui ne font qu’entretenir des États de plus en plus dépensiers et mauvais payeurs. Il prône leur fusion avec les ministères des Finances et l’adoption de lois bannissant tout déficit budgétaire.

Nos pages culture s’ouvrent avec panache, en l’occurrence celui de Judith Magre, la comédienne qui, à 97 ans, continue de brûler les planches ! Celle qui a travaillé avec Julien Duvivier et Sacha Guitry, Jean Vilar et Gaby Morlay, Fernandel et Jean Poiret se confie à Yannis Ezziadi. Nos lecteurs connaissent le don d’Hannah Assouline pour fixer le regard des écrivains. Cette exploratrice inlassable de la république des Lettres et de l’engeance humaine a découvert il y a quarante ans un autre miroir de l’âme : les mains. Élisabeth Lévy salue un beau livre qui nous ouvre, enfin, les portes de sa galerie. Georgia Ray traque les raisons pour lesquelles les visiteurs se pressent toujours plus nombreux au musée. Que viennent-ils chercher ? Peut-être une consolation à l’instabilité du monde, admirer des œuvres à leur guise, leurs formes et couleurs qui sont source de plaisir. On aurait tort de s’en priver, d’autant que les expos de ce mois de juin méritent le déplacement. Patrick Mandon regrette que l’héritage de Drieu la Rochelle – son talent littéraire et son passé de collabo – soit encore lourd d’ambiguïtés. Mise en vente en décembre 2023, sa bibliothèque a mobilisé les admirateurs de l’écrivain, mais l’État n’a pas préempté certains documents majeurs, tel le manuscrit de Feu follet. Julien Benda a plus de chance, faisant l’objet d’une nouvelle biographie très complète du philosophe Pascal Engel. Ce dernier, nous dit François Kasbi, a raison de rendre hommage à un penseur qui n’a pas craint de s’opposer aux courants intellectuels et littéraires de l’entre-deux-guerres, en défendant la rationalité contre le règne montant de l’émotion. Napoléon superstar ? Oui, selon Julien San Frax, dans la nouvelle version restaurée du chef-d’œuvre d’Abel Gance, datant de 1927. Le film sera projeté en ciné-concert au début du mois de juillet, accompagné d’une composition musicale de Simon Cloquet-Lafollye. Dans les carnets d’Ivan Rioufol du mois de juin, on apprend qu’être français ne va plus de soi. La montée de l’antisémitisme islamisé s’est accompagnée de la haine de la France française, au nom de l’universalisme déraciné et de la repentance perpétuelle. La «fierté française», qui emplit les discours des Jeux olympiques, est un leurre. Et Gilles-William Goldnadel nous raconte une journée au Moyen-Orient – celle du 24 mai de cette année – vue par Le Monde qui en présente une vision… tout à fait biaisée. Ce n’est guère étonnant. Pascal a écrit : «L’étonnement, voilà le secret». Si l’on est pascalien, il ne faut pas lire Le Monde mais Causeur !


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