Les légistes musulmans
Religion
Publié le 23 juin 2024
Dhimmi Watch
(1) le jihad
Dans les premiers siècles qui ont suivi la mort du prophète, des juristes musulmans ont formalisé les règles du jihad et de la dhimmitude. Dans son ouvrage « le dhimmi », Bat Ye’or a compilé leurs règles et des témoignages. Dhimmi Watch en publie ici des extraits. Voici tout d’abord un texte de Ibn Abî Zayd al-Qayrawâni. Il fut un grand juriste, chef de l’école malékite de Qairouan en Ifrikia (l’actuelle Tunisie), auteur de nombreux ouvrages de droit qui assurèrent le développement du malékisme en Afrique du Nord et en Andalousie. Voir Bat Ye’or : Le Dhimmi. Profil de l’opprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe, Éditions Anthropos, Paris, 1980, réédition (à l’exception des documents mais avec une préface de Jacques Ellul – et ©) Les provinciales, 2017. Le texte cité figure dans Ibn Abî Zayd al-Qayrawâni (922-996), La Risala (Epître sur les éléments du dogme et de la loi de l’Islam selon le rite mâlikite), trad. L. Bercher, 5e éd., Alger, 1960, p. 163
Le Jihad est une obligation d’institution divine. Son accomplissement par certains en dispense les autres. Pour nous. Malékites, [l’une des quatre écoles orthodoxes de droit musulman], il est préférable de ne pas commencer les hostilités avec l’ennemi avant de l’avoir appelé à embrasser la religion d’Allah, à moins que l’ennemi ne prenne d’abord l’offensive. De deux choses l’une : ou bien ils se convertiront à l’islamisme, ou bien ils paieront la capitation (jizya), sinon on leur fera la guerre. La jizya n’est acceptée d’eux que s’ils se trouvent sur un territoire où nos lois puissent s’appliquer. S’ils sont hors de notre atteinte, on n’acceptera d’eux la jizya que s’ils se rendent sur notre territoire. Sinon, on leur fera la guerre [… ]
On doit combattre l’ennemi sans chercher à savoir si l’on combattra sous les ordres d’un chef pieux ou dépravé. Il n’y a pas d’inconvénient à tuer les prisonniers de race blanche non-arabe qu’on aura faits. Mais nul ne devra être tué après avoir eu l’amân [accord de protection]. On ne devra pas violer les engagements pris à leur égard.
On ne tuera pas les femmes, ni les impubères. On évitera de tuer les moines et les rabbins, à moins qu’ils n’aient été combattants. La femme, elle aussi, sera mise à mort si elle a participé au combat. L’amân accordé par le plus humble des Musulmans doit être considéré comme valable par les autres [Musulmans]. La femme et l’impubère peuvent également donner l’amân quand ils en comprennent la portée. Mais, selon une autre opinion, cela n’est valable que si l’imam [leader spirituel] le ratifie.
Du butin fait par les Musulmans à la suite d’opérations de guerre, l’Imâm prélèvera le quint et partagera les quatre autres cinquièmes entre les membres de l’armée. Ce partage se fera de préférence en territoire ennemi.
Ibn Abî Zayd al-Qayrawâni (922-996)
(2) traité de paix avec les Chrétiens de Géorgie
Dans les premiers siècles qui ont suivi la mort du prophète (632), des légistes musulmans ont formalisé les règles du jihad et de la dhimmitude. Dans son ouvrage « le dhimmi », Bat Ye’or a compilé leurs règles et des témoignages. Dhimmi Watch en publie ici des extraits. Ces principes sont basés sur des documents comme des lettres, des traités. Voici les termes du traité de paix conclu par Habib ibn Maslamah (617-env 662) avec les Chrétiens de la Géorgie qu’il venait de conquérir (653). C’est un général issue de la tribu de Quraish, dont est aussi issu le prophète Mohamed. Il se rendit célèbre par ses victoires sur les Byzantins et ses conquêtes : la quatrième Arménie, la région du lac de Van, le Vaspourakan, la Siounie et la Géorgie (env. 653). On notera que l’humiliation et le paiement d’un impôt spécial font partie du lot des vaincus. L’expression « peuples du Livre » désigne les Chrétiens et les Juifs selon le Coran (par exemple Coran 9:29). Le texte ci-dessous est extrait de Al Balâdhuri (d. 892), Kitab Futuh al-Buldan (The Origins of the Islamic State), trad. P. K. Hitti, New York, 1916, pages 316-317, compilé par Bat Ye’or (voir la référence complète dans le premier document de la série).
Al Balâdhuri (d. 892), Kitab Futuh al-Buldan (The Origins of the Islamic State), trad. P. K. Hitti, New York, 1916
Au nom d’Allah le compatissant, le miséricordieux. Voici la déclaration de Habib ibn Maslamah aux habitants de Tiflis [l’actuel Tbilissi], qui se trouvent à Manjalis près de Jurzân al-Hurmuz, leur promettant sécurité pour leurs vies, leurs églises, leurs couvents, leur culte et leur foi s’ils reconnaissent leur humiliation et payent une taxe d’un dinar pour chaque famille.
Vous ne devez pas combiner plus d’une famille par ménage de façon à réduire la taxe, de même que nous ne devons pas diviser le ménage en plusieurs familles afin de l’augmenter.
Vous nous devez aide et conseil contre les ennemis d’Allah et de son Prophète au maximum de vos moyens, et vous êtes tenus de procurer au Musulman nécessiteux un abri pour une nuit et cette nourriture consommée par « le peuple du Livre » qui est pour nous licite.
Si un Musulman est coupé de ses compagnons et tombe entre vos mains, vous êtes tenu de le livrer à la plus proche garnison des « Croyants » à moins que quelque obstacle ne vous en empêche. Si vous revenez à l’obéissance à Allah et priez, vous êtes nos frères dans la foi, sinon il vous incombe de payer la taxe de capitation. Au cas où l’un de vos ennemis vous attaque et vous soumet alors que les Musulmans sont trop occupés pour vous venir en aide, les Musulmans ne peuvent en être tenus pour responsables, et ce n’est pas non plus une violation du pacte passé avec vous.
Les choses indiquées ci-dessus sont vos droits et vos obligations, dont Allah et ses anges sont témoins et il est suffisant d’avoir Allah comme témoin. (pp. 316-17)
(3) La conquête de l’Arménie chrétienne
Dans les premiers siècles qui ont suivi la mort du prophète (632), des légistes musulmans ont formalisé les règles du jihad et de la dhimmitude. Dans son ouvrage « le dhimmi », Bat Ye’or a compilé leurs règles et des témoignages. Dhimmi Watch en publie ici des extraits. Voici un extrait des conditions imposées aux Arméniens par Marwān ibn Muhammad (d. 750) dernier calife omeyyade à Damas et ancien gouverneur d’Arménie.
Marwân fit irruption dans le pays d’as Sarîr, massacra ses habitants et s’empara de certaines places fortes. Son roi lui offrit soumission et allégeance et s’engagea à lui donner chaque année l 000 jeunes gens – 500 garçons et 500 jeunes filles- aux cheveux et sourcils noirs, avec de longs cils, ainsi que 100.000 mesures de froment qui devaient être versées dans les greniers d’al-Bâb. Marwân en reçut la promesse.
La population de Tûmân conclut un accord avec Marwân, acceptant de lui donner chaque année l00 jeunes gens – 50 filles et 50 garçons – d’une taille de 5 spans, aux cheveux et sourcils noirs, avec de longs cils, ainsi que 20.000 mesures de froment pour les greniers (p. 326).